Dirty New-York

Qui a dit que le linge sale se lavait uniquement en famille ?
 
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 Au sommet de New-York, j’oublie tout (Jezabel)

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Matteo G. Rinaldi

Matteo G. Rinaldi


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MessageSujet: Au sommet de New-York, j’oublie tout (Jezabel)   Au sommet de New-York, j’oublie tout (Jezabel) EmptyMer 15 Nov 2023 - 12:31

Après une matinée à ruminer dans mon loft, je craque. Il faut que je sorte, que je prenne l’air. Je ne suis pas en prison, pas encore. Il faut que je profite de ma liberté en sursis. Je n’en peux plus de voir les mêmes murs, les mêmes meubles. Après avoir enfilé ma veste et chopé ma sacoche, je fuis la solitude de mon lieu de vie pour les rues animées et bruyantes de la Grande Pomme. Je marche sans but précis, le regard perdu dans le vide. Être loin de ma famille, de mes amis me pèse plus que d’habitude, aujourd’hui. J’ai choisi cette vie. Je l’ai embrassé et vécu en connaissance de cause. Les conséquences, je les connaissais mais ce n’est pas pour autant que je les appréciais. Je n’ose même pas contacter mes proches, de peur d’être surveillé. Alors je reste chez moi, à me demander si les choix que j’ai pu faire étaient réellement les bons. Actuellement, je me sens perdu et j’ai besoin d’évacuer.

Je lève la tête. Mes pieds m’ont ramené au ferry qui amène à Staten Island. Instinctivement, je me suis rendu à l’endroit que je préfère à New-York. J’achète mon billet avant de m’installer dans le petit bateau. Je sais où je vais me rendre. J’observe le paysage qui m’entoure.


Après de longues minutes, je suis enfin là où je peux souffler. Au sommet de la Statue de la Liberté, je me sens envahi par la paix. La vue est tout simplement splendide, elle est à couper le souffle. J’ouvre ma sacoche qui contient mon appareil photo. Depuis que je suis arrivé sur le sol américain, je me suis découvert une nouvelle passion : la photographie. Levant l’appareil, je le porte à mon visage et capture l’essence de New-York à travers l’objectif. Le temps de quelques instants, j’oublie le danger qui me guette, tapi dans l’ombre. J’oublie mon passé, mon avenir. Ce qui compte, ce sont ces moments de sérénité que je réussis à garder dans un si petit appareil. Au fil de mes prises, je change d’angle, de position. Je ne prête pas attention aux gens qui m’entourent. Après tout, je ne suis qu’un touriste parmi tant d’autres prenant des photos. Ou peut être qu’aux yeux de certains je suis photographe professionnel. Je n’en sais rien. Toujours est-il que je continue de me perdre dans ce moment qui n’appartient qu’à moi.

Satisfait du nombre de prises, je m’arrête un instant. Sur l’écran de l’appareil, je fais défiler les photos. Même en observant les photos, je ne peux m’empêcher de me sentir submergé par la beauté des clichés. Un sourire se dessine sur mon visage. Je décide de profiter de l’instant présent sans l’objectif de l’appareil photo. J’observe au loin, laissant mes pensées voler au gré du vent. J’inspire profondément. Je m’appuie contre la rambarde, absorbé par la vue imprenable sur Manhattan. La silhouette des gratte-ciels, avec leur jeu d’ombre et de lumière, se dessine contre le ciel bleu. C’est une vue que j’ai vue des centaines de fois en photo, mais la vivre en direct est une expérience totalement différente. C’est comme si chaque bâtiment me racontait une histoire, une partie de l’âme de cette ville qui ne dort jamais.

Le vent frais caresse mon visage, apportant avec lui l’odeur salée de l’eau. Je ferme les yeux un instant, laissant les sons de la ville - le bourdonnement lointain de la circulation, les klaxons, les conversations des touristes autour de moi - se mêler en une symphonie urbaine. C’est dans ces moments de calme relatif que je me sens le plus proche de trouver la paix, même si c’est éphémère.
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C. Jezabel Mancini

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MessageSujet: Re: Au sommet de New-York, j’oublie tout (Jezabel)   Au sommet de New-York, j’oublie tout (Jezabel) EmptyMer 6 Déc 2023 - 11:48

Plusieurs jours se sont déroulés depuis ce fameux jour où Matteo et moi nous sommes rentrés dedans mettant à mal ma mission de filature. J’ai été obligée de faire mon rapport le soir-même auprès de mes supérieurs et leur dévoiler l’incident qui a eu lieu. Autant dire tout de suite qu’ils n’ont pas été ravis de la nouvelle… Et très honnêtement, je me fustige déjà toute seule pour cette énorme bourde qui aurait pu tout foutre en l’air. J’ai tenté de reprendre comme s’il ne s’était rien passé, mais je sens bien qu’il y a quelque chose qui ne va pas. J’ai toujours cette appréhension qu’il se retourne et me voit, qu’il comprenne que je ne suis pas une simple touriste italienne venue se dépayser à New York. Mes filatures ne ressemblent plus à rien et il m’a fallu un peu de temps pour me poser et réfléchir à une nouvelle stratégie. Mes supérieurs m’ont conseillé de changer de tactique, et pourquoi pas en profiter pour me rapprocher de lui et essayer de découvrir ses prochains agissements. J’ai refusé cette idée. Elle ne me plaît absolument pas. Ce n’est pas mon mode opératoire habituel. Pourtant, je suis bien forcée de reconnaître que je vais y être obligée si je veux mener à bien ma mission malgré l’incident.

Je suis enfin décidée. Simuler une rencontre fortuite pour passer du temps avec lui, et voir ce qui s’ensuit. J’ai l’impression d’être une espionne tout droit sortie d’un des grands films américains en faisant ça. Mais est-ce que j’ai le choix ? Oui. Dans un sens. Si je refuse, je serais obligée de rentrer en Italie dès qu’ils auront envoyé un autre de mes collègues pour prendre ma place. Et je déteste l’échec. Ma fierté me perdra, c’est indéniable. Le soleil brille dans le ciel bleu. La journée va être magnifique. Pour parfaire mon image de touriste, je m’habille d’un short et d’un débardeur. A mes pieds, j’enfile une paire de Stan Smith, et sur mes yeux, une immense paire de solaires noires sur mes yeux bleus. Je relève mes cheveux blonds en un chignon informe avant de jeter un dernier coup d'œil au miroir plein pied de ma chambre d’hôtel. Je suis prête.

Lorsque je quitte mon hôtel, je prends la direction de chez Matteo. Le deuxième jour qui a suivi mon arrivée, j’ai découvert où il habite et depuis, chacune de mes filatures commencent par-là. J’ai fini par savoir à peu près à quelle heure il sort de chez lui. Je fais toujours en sorte d’arriver une heure avant afin de ne pas le manquer. Je me place à mon poste d’observation et je patiente. Longtemps. Très longtemps. Tellement longtemps que je finis par me demander si Matteo n’est pas parti de chez lui aux aurores… ou s’il compte passer la journée enfermé chez lui. Ce qui est assez rare le concernant. Mais peut-être est-il malade ? Mon ordinateur ouvert devant moi, je fais semblant de travailler tout en enchaînant les cafés, et diverses boissons proposées dans ce café. Autant dire tout de suite que la société qui m’emploie est en train de faire leur chiffre d’affaires. De toutes les personnes qui sortent du bâtiment où Rinaldi loge, aucune ne lui ressemble. Je sens que je suis bonne pour rester les fesses vissées dans ma chaise pour la journée…

Je viens de terminer ma glace lorsqu’enfin il apparaît. J’ai presque un temps de latence tellement je ne m’attendais plus à le voir sortir de chez lui. Je me dépêche de refermer le clapet de mon ordinateur et de tout ranger dans mon sac. Je dépose un billet de cent dollars au comptoir et lance un “gardez la monnaie” à la serveuse qui me regarde partir avec les yeux écarquillés. Je n’ai pas de temps à perdre. Une fois dans la rue, je sens l’adrénaline des filatures parcourir mes membres. Elle est comme une vieille amie depuis le temps. Sans elle, l’intérêt serait tout autre. Je calme néanmoins les battements de mon cœur et suis Matteo le plus discrètement possible. On marche. Longtemps. Je suis à deux doigts de pester et d’aller lui demander jusqu’où il compte aller comme ça. Mais je me retiens. C’est pas l’envie qui me manque, mais j’ai déjà compromis une fois ma mission. Je n’ai pas envie de recommencer. Alors je prends sur moi. Jusqu’à Staten Island.

J’attends quelques minutes avant de monter à mon tour à bord du ferry qui emmène une flopée de touristes jusqu’à la statue de la liberté. Bien. S’il me repère maintenant, ce ne sera pas trop curieux. Seulement voilà, il ne me remarque absolument pas. Alors je continue de l’observer. Son regard est perdu dans le paysage. Il n’accorde d’attention à personne. Tout en gardant un œil sur lui, je profite à mon tour du trajet jusqu’à la petite île qui abrite l’immense statue française. New-York pourrait être un chouette voyage à faire, un jour. C’est dans ces moments-là que j’adorerai que Diego soit là, avec moi. Son absence se fait sentir chaque jour un peu plus. Il me manque, malgré les nombreux messages qu’on échange chaque jour, et les appels. Dans la poche de mon short, mon téléphone vibre et un petit sourire naît sur mes lèvres lorsque je vois son nom s’afficher. Je prends le temps d’échanger quelques textos avec lui avant que le ferry accoste à destination. A nouveau, je me noie dans la masse de touristes, tout en gardant mes yeux rivés sur le dos de Matteo qui semble bien savoir où il se rend.

Le sommet de la statue de la liberté a de quoi impressionner. Certains touristes ont souhaité descendre à cause du vertige. C’est impressionnant comment le monde est petit à cette hauteur. A distance raisonnable, je continue d’observer Matteo qui prend des photos. Je fais attention car nous ne sommes pas nombreux. Je suis, pour ainsi dire, totalement à découvert. C’est le moment pour moi d’entrer en jeu, mais je n’ai pas le cœur à interrompre sa séance photo. A cet instant, il dégage quelque chose d’infiniment reposant. je pourrais presque le regarder pendant des heures. Chacun de ses gestes est maîtrisé. Il recherche le point de vue et la luminosité parfaite pour ses photos. C’est fascinant. Il est dans sa bulle. Ce serait dommage de le priver d’un moment de bonheur… Jusqu’à ce qu’il détache son nez de l’appareil et regarde ses prises. Peut-être que c’est le moment pour moi d’entrer en scène ? Je colle mon meilleur sourire sur mes lèvres et m’avance vers lui, comme si je retrouvais un vieil ami.

Matteo ? j’hasarde.

Dès qu’il tourne la tête vers moi, mon sourire se fait encore plus resplendissant et je clame :

Oh c’est bien vous ! Je n’étais pas sûre, de dos. Vous vous souvenez de moi ? Chiara.

Je continue de m’approcher tout en continuant de sourire. S’ils voyaient ça, mes patrons me diraient que je mérite un oscar pour la meilleure comédienne de l’année.

Comment allez-vous ?
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Matteo G. Rinaldi

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MessageSujet: Re: Au sommet de New-York, j’oublie tout (Jezabel)   Au sommet de New-York, j’oublie tout (Jezabel) EmptyLun 11 Déc 2023 - 14:55

J’essaye toujours d’éviter les foules. Peut-être que d’autres fugitifs préfèrent justement cette possibilité de se fondre dans la masse. Et c’est vrai que toute cette agitation me permet de n’être qu’un visage anonyme parmi les autres. Mais tout ce monde m’oppresse. Je me sens étouffé et bridé dans mes mouvements. Mais il m’arrive de faire parfois des exceptions, pour certains lieux bien particulier. La Statue de la Liberté en fait partie. Bon nombre de personnes n’arrivent pas jusqu’à son sommet. Sûrement due à la peur du vide. Moi, ce n’est pas mon cas. Et puis, la perspective d’observer la ville de New-York d’aussi haut m’encourage. Et je ne suis pas déçu. La vue est tout simplement splendide, à couper le souffle. Après avoir pris plusieurs clichés, je me contente de savourer ce moment. Je contemple la beauté qui s’étale devant moi. Certains n’y voient que des bâtiments de béton moi j’y voyais l’intelligence et les rêves d’hommes qui n’avaient écouté que leur cœur. C’est cliché, je le sais mais c’est mon ressenti. Et puis au-delà des bâtiments, toute cette étendu d’eau calme m’apaisait. J’étais émerveillé.
Je ne regrette pas d’être venu ici, même si, j’aurais aimé être seul pour pouvoir profiter de ces instants. Mais je ne suis pas un prince quatari, je n’ai absolument pas les moyens de faire privatiser la Statue de la Liberté. Peut-être que si j’utilisais l’argent que j’avais gagné dans la mafia… mais je ne prendrais pas ce risque pour ça. Je sais me contenter de ce que la vie m’offre. Alors que je suis encore perdu dans mes pensées, j’entends mon prénom. Je sors de ma rêverie et me retourne pour voir une belle blonde s’avancer vers moi. Un sourire rend immédiatement mon visage. Je la reconnais… Chiara. Une jeune femme italienne que j’ai rencontré à l’église, il y a quelques temps.

« Chiara ! Bien sûr que je me souviens de vous ! Comment oublier une compatriote ? » lui dis-je en lui offrant un beau sourire.

Je suis content de la voir. Chiara est une de ces femmes intelligentes avec la conversation se fait naturellement. Et puis, elle est intéressante, sans artifices. C’est agréable de converser avec une personne qui a de l’esprit ! Et puis, je suis heureux de pouvoir à nouveau parler ma langue maternelle. Chiara s’approche tout en me demandant comment je vais.

« Je vais bien et vous ? Alors, toujours en vadrouille dans les rues de la Grande Pomme ? »

La dernière fois, nous avions parlé de découvrir des lieux insolites qui ne sont pas forcément présents dans les guides touristiques. Je lui avais expliqué que je déteste recourir à ces feuillets. Pour moi, les guides sont surtout des plans pour amener les touristes dans des endroits bondés de monde. Je préfère la tranquillité d’un parc où les rues quasiment désertes d’un quartier tranquille. Bien sûr, je visite aussi des lieux plus fréquentés, comme la Statue de la Liberté. Mais il faut que le lieu est un véritable attrait à mes yeux. Ici, c’est la vue qui m’a attiré, inconsciemment. À présent, je ne regrette pas d’être venu. Non seulement j’ai de très belles photos de New-York mais en plus, j’ai retrouvé Chiara. Je sais qu’encore une fois, notre conversation sera intéressante.

Je ne peux m’empêcher d’être attiré par son sourire éblouissant et ses yeux pétillants. Elle était d’une beauté naturelle, je le remarque au peu de maquillage qu’elle porte. Elle ne semble pas noyée sous des couches superflues de maquillage. Je ne m’y connais pas en cosmétique mais j’arrive tout de même à repérer quand une femme ressemble à une voiture volée. Et Chiara semble très loin de ce style. Elle respire la simplicité et le naturel. Comment ne pas être attiré par la courbe de ses lèvres ? Bon sang, pour la première fois depuis longtemps, je regrette la vie que je mène. Si je n’étais pas un fugitif recherché par la police de mon pays, j’aurais peut-être une chance avec Chiara… Si j’étais réellement ce que je prétends être, peut-être que j’aurais pû avoir plus que des conversations banales. J’aurais peut-être osé lui proposer un rendez-vous comme n’importe quel homme séduit par son charme fou… Mais ce n’est pas le cas. Je ne peux que me contenter de ces conversations rafraîchissantes occasionnelles…

Je ne peux m’empêcher de ressentir comme un pincement. Il est très léger mais je le ressens tout de même. Je sais que je ne devrais pas poursuivre dans cette voie. Je devrais éviter de trop discuter avec elle. Je ne devrais pas ressentir ce sentiment. Je n’en ai pas le droit. À tout moment, je peux me retrouver à devoir quitter le pays en catimini ! Mais au fond de moi, j’aimerais avoir une vie plus banale, une vie où je n’aurais pas à regarder par dessus mon épaule. Je l’ai choisi le jour où j’ai décidé de suivre les traces de mon père. Et pour la première fois de ma vie, je le regrette.
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C. Jezabel Mancini

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MessageSujet: Re: Au sommet de New-York, j’oublie tout (Jezabel)   Au sommet de New-York, j’oublie tout (Jezabel) EmptyMar 26 Déc 2023 - 11:35

J’ai eu énormément de chance qu’on ne me renvoie pas en Italie pour me faire remplacer par un de mes collègues. Ma nouvelle stratégie à adopter, c’est de continuer de faire ami-amie avec Matteo dans l’espoir de pouvoir percer ses secrets plus facilement. Ça ne m’enchante pas des masses de devoir à ce point me rapprocher d’un suspect, mais quel choix ai-je ? Aucun. J’ai foutu en l’air ma mission de filage. Il fallait bien trouver autre chose. Simuler une deuxième rencontre est dans mes cordes. Il s’est passé plusieurs jours depuis que nous nous sommes rencontrés officiellement donc, une rencontre hasardeuse ailleurs est tout à fait possible. Je dois juste jouer la comédie. Autant avouer que je ne suis pas excellente à ce petit jeu là, et j’aurais beaucoup de chance si Matteo ne me perce pas à jour…

Le suivre jusqu’à la Statue de la Liberté n’a pas été bien difficile, même si tout le long du trajet, j’ai eu la boule au ventre à l’idée qu’il puisse se retourner à tout moment et me découvrir sur sa trace. Une fois au sommet de la Statue, je profite de quelques minutes pour apprécier la vue magnifique qu’on a de tout là-haut. New York semble si petite vue d’ici. Non loin de moi, Matteo mitraille le panorama. Je n’ignore plus rien de sa passion pour la photographie depuis notre rencontre. Mais j’étais loin d’imaginer le professionnalisme dont il fait preuve. Du coin de l'œil, je le regarde faire. J’ai presque des remords à le déranger pendant qu’il œuvre. Il dégage quelque chose de reposant. J’attends donc le bon moment. Et celui-ci arrive lorsqu’il commence à regarder ses prises. Collant mon plus beau sourire sur le visage, je m’approche tranquillement, faisant mine de ne pas être totalement sûre que c’est bien lui. Je l’interpelle et c’est à ce moment-là que Chiara entre définitivement en scène. Je fais celle qui craint qu’il m’ait oublié - et sincèrement, ça m’aurait arrangé qu’il me zappe complètement - mais à mon grand désespoir, ce n’est pas le cas. Un léger rire m’échappe lorsqu’il me qualifie de compatriote. Si seulement il savait…

Ça va très bien aussi, je réponds d’un ton joyeux. Et oui, toujours ! Je suis loin d’en avoir fait le tour. C’est beaucoup plus grand que je ne l’imaginais.

Je me tourne vers le panorama qui s’étend devant nous. J’ai l’impression de redécouvrir cette vue alors que j’en ai profité quelques instants plus tôt. C’est vraiment beau. Si j’avais été aussi une fana de photographie, j’aurais sûrement bombardé la vue afin de graver dans le temps cette vue resplendissante. Et puis, le temps est vraiment magnifique. Toutes les conditions sont requises pour avoir un rendu magnifique. Lorsque je reporte mon attention sur Matteo, je le surprends en train de me fixer, et il me faut énormément de maîtrise pour ne pas me laisser aller à l’élan de panique qui me tord les boyaux. Et s’il a compris ce que je manigance ? C’est possible, après tout ! Ma manière d'œuvrer est toute nouvelle, et je suis bien loin d’être à l’aise. Je crains que mon mensonge ne se voit comme le nez au beau milieu de la figure, aussi, j’essaie de continuer ma petite comédie.

C’est marrant de vous retrouver là ! j’enchaîne. C’est la première fois que vous montez ? Moi oui, la hauteur est hyper impressionnante, mais la vue est magnifique.

J’avise un couple de quinquagénaire qui se dépêchent de regagner l’ascenseur afin de pouvoir regagner des hauteurs un peu moins impressionnantes. Ils me font sourire malgré moi. Loin de me moquer d’eux, être à une telle hauteur et s’y sentir plutôt bien n’est pas donné à tout le monde.

Je crains que ces pauvres gens ne s'attendaient pas à ce que le monde soit si petit vu d’ici, lancé-je. Nous n’avons pas l’air très nombreux à être à l’aise.

Je ne suis pas une très grande admiratrice des hauteurs. À mon sens, il n’y a rien de mieux qu’une bonne terre ferme, mais cet édifice est là depuis tellement d’années et bien entretenu que je ne pense pas un seul instant qu’on prenne un risque à venir à son sommet. Cependant, le vertige ne se contrôle absolument pas, et j’en suis dépourvue - ce qui ne fait pas de moi une funambule de l’express pour autant.
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Matteo G. Rinaldi

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MessageSujet: Re: Au sommet de New-York, j’oublie tout (Jezabel)   Au sommet de New-York, j’oublie tout (Jezabel) EmptyVen 29 Déc 2023 - 19:12

Je pourrais me perdre dans la contemplation du paysage qui s’offre à moi. J’oublie presque que je ne suis pas seul, qu’il y a d’autres touristes tout aussi émerveillés… ou effrayés par la hauteur impressionnante. Je n’entendais plus le bruit qui m’entoure, fasciné par le bruit calme des vagues. C’est comme une douce symphonie à mes oreilles. Mais je suis sorti de mes pensées lorsqu’une voix féminine m’interpelle. Je me tourne pour découvrir Chiara. Je suis agréablement surpris de la trouver ici. Je me demande si elle est là depuis longtemps, si nous aurions pu faire la montée ensemble. Mais je ne pose pas la question, elle est là et c’est le principal. Je ne devrais pas être aussi content de la voir. Je ne devrais pas essayer de me rapprocher d’une femme. Surtout pas Chiara, elle correspond tellement au genre de femmes qui m’attire. Elle fait partie de ces femmes aussi attirantes qu’intelligentes. Elle a de conversation et de la culture. Je ne doute pas un seul instant qu’elle a le sens de l’humour. Si le temps permet de passer quelques heures en sa compagnie, je suis sûr que je rigolerais bien. Mais je suis un fugitif, je ne dois pas me faire remarquer. Je devrais plutôt être un fantôme, invisible. A tout moment, je peux être amené à fuir sans un regard en arrière. Mais si je laisse une personne à qui je suis attaché, je pourrais douter de ma décision. Pire, si je me décidais à fuir, Chiara pourrait être l’élément qui creusera ma tombe. Et puis, elle peut se retrouver en danger. Bien que je me sois retiré de la sphère mafieuse, il n’en reste pas moins qu’il reste assez de personnes qui veulent ma tête sur un plateau d’argent. Ils ne s’en prennent pas à mes parents car mon père est un ponte, avec une sécurité digne du président des États-Unis. Mais moi, j’ai décidé de disparaître. Jusqu’à ce que Chiara fasse son apparition… À sa déclaration, j’ai un petit rire.

« Oui, j’ai pensé comme vous quand je suis arrivé. Je pensais en faire le tour rapidement, mais me voilà, plusieurs années après mon arrivée, à découvrir encore des panoramas incroyables. »

Je suis le regard de cette magnifique blonde avant de l’observer à nouveau. Et je dois avouer que je suis sous son charme. Sa beauté est tout simplement fascinante. La vue est juste incroyable. Je voudrais capturer ce moment… mais je ne peux pas juste la photographier. Je tiens mon appareil photo dans les mains. J’hésite. Je ne sais pas si c’est une bonne idée. Mais si je dois m’enfuir pour une raison quelconque, j’aimerais avoir un souvenir d’elle. C’est ridicule, je la connais à peine, si je disparaissais, elle aura tôt fait de m’oublier très vite. Alors pourquoi je ressens ce besoin irrépressible ? Je tente de chasser ces pensées, me concentrant de nouveau sur la conversation. Je suis son regard. Chiara suit des yeux un couple de personnes plutôt âgés qui rebroussent chemin, le vertige a sûrement raison de leur attrait pour l’immense structure.

« Je fais partie de ceux qui n’ont pas peur des hauteurs. Je ne suis pas sujet au vertige mais je peux comprendre que tout le monde ne soit pas à l’aise en hauteur… Vous voulez peut-être descendre à un étage en dessous ? Je ne voudrais pas vous retenir ! »

Je prends conscience que Chiara fait peut-être partie de ces personnes qui détestent être en hauteur. Je sais que certaines personnes ont du mal, même avec des hauteurs qui ne semblent pas si hautes. Je ne veux pas qu’elle se force à rester avec moi. Mon envie de la photographier revient alors avec force. C’est le moment ou jamais pour lui demander avant qu’elle ne s’en aille, potentiellement. Je suis plongé dans un dilemme : devais-je vraiment capturer ce moment, quitte à risquer l’attachement que je ne pouvais me permettre ? Ou devais-je m’imprégner de ce moment éphémère, acceptant de laisser filer cette opportunité, aussi fugace soit-elle ?

Je regarde Chiara, ses cheveux blonds baignés de soleil, son sourire sincère qui semble se refléter dans son regard. Il y a quelque chose de magnétique, une énergie qui semble défier ma propre résolution à rester seul et caché… elle ne mérite pas d’être mêlée à mes complications. Mais je vois là ma dernière chance de ressentir une connexion aussi authentique… Je lève mon appareil photo, encore hésitant. Ce sera une simple photo, sans conséquence, sans promesse. Voilà ce que je me dis pour me rassurer. Ma décision est donc prise.

« Chiara, est-ce que… est-ce que ça vous dérangerait si je prenais une photo ? De la vue, je veux dire, avec vous dessus. C’est juste que… c’est tellement beau ici, et vous… vous ajoutez de la beauté au paysage. »

Je garde une certaine réserve, conscient que je viens de franchir une ligne qu’il s’était promis de ne pas dépasser.
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MessageSujet: Re: Au sommet de New-York, j’oublie tout (Jezabel)   Au sommet de New-York, j’oublie tout (Jezabel) EmptyMer 24 Jan 2024 - 11:58

Plongée dans la rôle de Chiara s’avère bien plus facile que je n’osais l’espérer. Je n’ai joué ce rôle qu’une seule fois, mais il est aisé à reprendre. Probablement parce que Chiara est une partie de moi. C’est plus facile de mentir en offrant une grande partie de vérité. Mon erreur me coûte une nouvelle manière de procéder que je découvre sur le terrain. J’ai par moment la désagréable sensation d’être un funambule en train de marcher sur un fil, et surtout complètement démunie du harnais de sécurité qui assurera que ma chute se fasse sans douleur. Mais je prend sur moi pour réparer ma bourde, quitte à devoir me rapprocher de ma cible afin de pouvoir entrer dans ses bonnes grâces et essayer de découvrir ce qui pourra le conduire directement à la case prison. Il va falloir que je me la joue finement, et pour cela, le rôle de la touriste italienne venue se perdre à New York pour des vacances est relativement parfait.

Feindre de tomber par le plus grand des hasards sur Matteo me coûte bien moins que je ne l’aurais songé. Surtout lorsqu’on connaît mon aversion pour le mensonge et toute autre tromperie. Après toute cette histoire, je vais drastiquement revoir mes convictions à la baisse. Je ne pourrais décemment plus faire les fanfaronnes après m’être faite passer pour quelqu’un que je ne suis pas. Mais j’y songerai plus tard. Pour l’heure, le regard de Matteo est posé sur moi, et si j’en juge le franc sourire qu’il me renvoie, il semble ravi de me revoir. Je feins un sourire similaire au sien. Après tout, ne suis-je pas une touriste solitaire ravie de retrouver un peu de son pays en sa personne ?

Vraiment ? J’espère quand même rentrer chez moi avant plusieurs années. Je n’avais pas prévu de m’absenter aussi longtemps de chez moi, je réponds avec une légère pointe d’humour.

En fait, je suis coincée là jusqu’à ce que mes supérieurs m’ordonnent de rentrer ou que je découvre quelque chose de suffisamment compromettant pour qu’on puisse lui tomber dessus et le coffrer. Je m’intéresse aux raisons qui l’ont conduit à monter tout en haut de la Statue de la Liberté. Le panorama est magnifique, j’en conviens totalement. Pour quelqu’un qui aime la photographie, c’est le jackpot assuré. D’ailleurs, il n’y avait qu’à voir ses expressions pendant qu’il mitraillait la vue. Matteo semble réellement passionné. Le regarder faire, même de loin, avait quelque chose de reposant et de captivant. Quel dommage qu’il trempe dans des histoires louches, je suis sûre que c’est un homme que j’aurais eu plaisir à côtoyer dans d’autres circonstances…

Je ne crains pas les hauteurs, dis-je en refusant ainsi sa proposition de redescendre à l’étage du dessous. Enfin… tant que mes pieds sont posés sur quelque chose de solide, ça va. M’asseoir sur la rambarde et laisser mes pieds tomber dans le vide, ça, c’est une autre histoire.

C’est comme les attractions qui proposent des chutes libres. Même si nous sommes assis sur un siège et correctement harnachés, rien que de savoir que mes pieds sont dans le vide, j’en suis malade d’avance. Ça me crée des sensations extrêmement désagréables dans le corps. Je refuse de monter dans ce type de manège. Par contre, à Disneyland Paris, ce que les français appellent La Tour de la Terreur - alors qu’elle s’appelle The Twilight Zone Tower of Terror - ne me dérange absolument pas. Mes pieds touchent le sol, et ça me convient.

Et puis, ce serait dommage de nous priver d’une telle vue, j’ajoute avec un léger sourire.

Négligemment, je m’accoude à la rambarde de sécurité pour admirer le paysage. C’est vraiment beau. Bien que je sois là pour garder un œil sur lui, ça ne m’empêche absolument pas de profiter un peu du moment présent. Et puis, si je ne me comporte pas un minimum normalement, je risque d’être grillée, et ce n’est pas le but. Matteo ne risque pas de disparaître en un claquement de doigts, donc je peux relâcher la tension qui m’habite depuis ce matin. Je prends une grande bouffée d’oxygène et décide que je peux facilement mêler l’utile à l’agréable. Mon jeu de rôle n’en sera que meilleur. Le son de sa voix attire mon attention et lentement, je dégage mes yeux du paysage new-yorkais. Matteo tient entre ses doigts son appareil photo, et son hésitation est sincère. Je ne sais pas pourquoi mais ça me touche un peu. Et je rosis de plaisir. Okay, j’ai beau savoir que l’homme qui se tient en face de moi baigne depuis son plus jeune âge dans des affaires louches, je reste une femme et je suis sensible aux compliments.

Oui, d’accord… Si vous voulez ? je réponds avec un petit rire gêné.

J’ai l’impression d’être de nouveau une gamine de quinze ans en train de flirter avec son plus gros crush du lycée. Il faut dire aussi que depuis que je suis avec Diego, je n’ai plus l’habitude de recevoir ce type de compliment de la part d'inconnus. En général, les remarques d’aujourd’hui sont extrêmement sexistes et ne donnent absolument pas envie d’accorder la moindre attention à ceux qui en prononcent. Les “t’es bonne, toi !” sont à mille lieues de me séduire. Et puis, je dois m’autoriser à quitter la peau de Jezabel, fiancée à l’homme le plus merveilleux au monde, pour m’envelopper de celle de Chiara.

Vous voulez que je me mette où ? je demande sans savoir ce que Matteo attend de moi pour faire sa photo.
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