Dirty New-York

Qui a dit que le linge sale se lavait uniquement en famille ?
 
AccueilAccueil  Dernières imagesDernières images  RechercherRechercher  S'enregistrerS'enregistrer  ConnexionConnexion  
Le deal à ne pas rater :
Réassort du coffret Pokémon 151 Électhor-ex : où l’acheter ?
Voir le deal

 

 Grandir sans parents, on connaît ça - Bran

Aller en bas 
2 participants
AuteurMessage
Crystal M. Graham

Crystal M. Graham


♈ Messages : 12
♈ Friandises : 13
♈ A New York depuis : 09/05/2016

Grandir sans parents, on connaît ça - Bran Empty
MessageSujet: Grandir sans parents, on connaît ça - Bran   Grandir sans parents, on connaît ça - Bran EmptyJeu 11 Aoû 2022 - 23:03

Crystal se trouvait chez elle, devant la télé à regarder une série comme chaque fois qu’elle était seule. Pour une fois, sa mère n’était pas là. Crystal se foutait royalement où elle pouvait être. Sa mère avait sombré dans l’alcoolisme après le départ de son père. Plus elle buvait, plus elle délaissait sa fille. Crystal avait grandi seule, dans la rue. Elle avait appris à se débrouiller sans aucune figure parentale alors si une enfant avait pu s’en sortir, ce n’était pas sa mère, une adulte qui allait avoir besoin d’elle.
La jeune femme espérait même que sa mère disparaîtrait plusieurs jours. Ça lui arrivait de faire ça, elle revenait comme une fleur. Où était-elle allée ? Crystal n’en savait rien et s’en foutait ! La jeune femme se leva et se dirigea dans la cuisine. Elle ouvrit le frigo et se pencha… Il était vide, évidemment si elle ne pensait pas à faire les courses, jamais sa mère n’y penserait. Tant qu’elle avait une bouteille d’alcool, le reste ne comptait pas. Lâchement un grognement en claquant la porte du frigo, Crystal sortit de la cuisine… et comme par hasard, sa mère se montra. Crystal et Jenna échangèrent un long regard avant que Jenna ne s’avance dans le couloir, détournant ainsi le regard. Sa fille souffla d’un air méprisant avant d’aller dans sa chambre. La jolie blonde savait que jamais sa mère n’oserait jamais s’en prendre à elle. Elle pouvait la rabaisser, l’insulter et hurler sur elle, Jenna gardait le silence. Elle était devenue une véritable loque. Et si dehors Crystal n’hésitait pas à frapper l’ennemi même lorsqu’il était à terre, elle ne pouvait se résoudre à le faire avec sa mère. Longtemps, elle avait attendu une réaction de la part de sa mère, un signe qu’elle était toujours présente. Mais rien ne vint… lasse de se battre avec un mur, Crystal l’avait abandonné. Son père était parti, sa mère n’était là que physiquement… Incroyable qu’elle-même n’ait pas succombé aux sirènes d’une addiction ou une autre.

Crystal attrapa des baskets et les enfila. Si elle voulait manger, elle serait obligée de sortir faire une course ou deux. Elle attacha ses cheveux puis noua un bandana bleu, symbole de son appartenance à son gang, les Cribs. Elle glissa un poing américain dans une des poches de son jogging. Elle sortait rarement sans armes, hors de question de ne pas pouvoir se défendre si jamais on l’attaquait. Elle avait bien appris sa leçon depuis la dernière fois où elle était sortie sans arme et seule ! Elle s’était faite bien amochée, heureusement, elle avait rencontré Bran qui l’avait aidé comme il pouvait. Sauf que des anges gardiens, la jeune femme n’en avais pas des masses !
Se regardant dans le miroir, elle changea un élément à sa tenue. Elle défit son bandeau et le cacha dans sa poche. Elle n’avait aucun problème à afficher son appartenance à son gang mais elle préférait le faire à présent quand elle ne risquait pas de se faire démolir !
Elle traversa le salon sans un regard pour sa mère et quitta leur misérable appartement. Dans la rue, elle reconnut des amis, des Cribs qu’elle salua plus ou moins brièvement. Elle traversa son quartier pour se rendre à une petite épicerie connue de tous dans le Bronx. Certains endroits avaient été déclarés comme neutres. En d’autres termes, les Loups, les Cribs et autres gangs de la ville ne pouvaient pas se battre. L’épicerie où elle se rendait faisait partie de ces lieux où les bagarres n’étaient pas tolérées. La jeune femme n’était pas d’humeur à se battre donc elle préféra éviter les lieux problématiques.
Crystal entra dans l’épicerie, attrapa un panier et se mit à flâner dans les rayons.
Revenir en haut Aller en bas
Bran Gallagher

Bran Gallagher


♈ Messages : 12
♈ Friandises : 13
♈ A New York depuis : 09/05/2016
♈ Quartier : Bronx

Grandir sans parents, on connaît ça - Bran Empty
MessageSujet: Re: Grandir sans parents, on connaît ça - Bran   Grandir sans parents, on connaît ça - Bran EmptyVen 15 Sep 2023 - 13:14

« Hé, toi ! » La voix s’élève de la chambre obscure dans laquelle Bran ne met plus les pieds depuis plusieurs années maintenant. Volets toujours fermés, porte entrouverte, juste assez pour laisser passer la lumière du jour et potentiellement offrir une notion de jour/nuit à son occupante, la mère du jeune homme est une véritable loque. Depuis combien de temps n’est-elle pas sortie de son lit ? Depuis combien de temps n’a-t-elle tout simplement pas pris une douche ? Voilà un moment que Bran ne l’a pas croisé dans les couloirs, se dirigeant d’un pas traînant vers la cuisine pour piquer un truc dans le frigo, ou vérifier que son larbin de gamin a bien pensé à racheter de quoi hydrater son corps d’alcool… Il est presque étonné de l’entendre s’adresser à lui. « Héééé, j’sais qu’t’es là ! Tu fais plus de bruit que tous les foutus rats qui grignotent les murs ! » Bran soupire et lève les yeux au ciel. Y’a pas de rats dans les murs. Ils habitent peut-être un taudis, mais le dératiseur est venu il y a un mois et a éliminé toute la vermine qui pouvait se trouver là. « Brandon ! » Il arque un sourcil. Étonnant qu’elle se soit souvenue de comment il s’appelle. Ça fait des années qu’elle ne prononce plus son prénom. En temps normal, les allégations de sa mère finissent par se tarir lorsqu’il fait semblant de l’ignorer, mais aujourd’hui semble être un jour nouveau parce qu’au bout de quelques minutes, la loque humaine qui lui sert de génitrice surgit en plein jour. Les cheveux filasses, sales, pendent sur ses épaules. Les yeux plissés par la luminosité du jour le cherchent du regard et finissent par tomber sur lui. Le teint pâle, malade, et les traits cadavériques de sa mère sont à eux tout seuls, un véritable film d’horreur. Pour un peu, Bran aurait oublié à quoi elle ressemble. Pourtant, le jeune homme a des souvenirs de sa mère, quelques années en arrière. Elle était belle. Mais l’alcool et la drogue ont toujours été ses meilleurs amis, et plus il grandissait, et pire c’était… Aujourd’hui, elle n’a plus rien à voir avec celle qu’elle a un jour été. C’est un poids que Bran est obligé de se promener nuit et jour. « T’es sourd ?! Regarde ce que tu m’obliges à faire ! » Se lever ? C’est vrai que c’est la pire des choses qui peut lui arriver. « J’ai soif ! Vas me chercher une bouteille. Et pas d’la merde hein ! J’en ai marre de tes jus de pisse. » - « T’as l’argent pour ? » répond-t-il en sachant pertinemment que ce n’est pas le cas. Il a l’habitude des engueulades avec sa mère. Elle les croit riche à million. Il se décarcasse quotidiennement pour pouvoir acheter à manger, et il n’a pas les moyens de lui offrir le meilleur alcool du marché. Sauf qu’au lieu de répondre et d’engager une lutte verbale qui ne mènera jamais à rien, Bran reçoit en pleine tête un verre vide, qui traîne là. Comme tout, dans cet appartement, celui-ci éclate sous le choc, et lui laisse une estafilade sous l'œil. « Magne ton cul ! Et t’avise pas de revenir sans ma bouteille parce que j’te jure que j’te balance par la fenêtre ! C’est ce que j’aurais dû faire quand t’es né. J’aurais été débarrassée de toutes les emmerdes que tu me crées, tellement t’es inutile ! » La colère bout dans les veines de Bran. Même s’il sait qu’elle est en plein délire, il en a assez. Alors avant de faire le moindre geste qu’il viendrait à regretter, il quitte le canapé miteux et se dirige vers l’entrée où il a abandonné ses baskets et les enfile vitesse grand V. Il claque la porte derrière lui, tandis que sa mère bougonne une énième insulte à son encontre.

Il dévale les escaliers de l’immeuble et une fois dans le hall, il sort son paquet de clopes et s’en grille une. La nicotine lui fait un bien fou et calme les battements irréguliers de son cœur. S’il ne se maîtrisait pas aussi bien, c’est sa mère qui aurait fini jeté par-dessus le balcon. Tout en marchant dans les rues macabres, il sort son portefeuille de la poche de son jean et compte les quelques dollars qu’il possède encore. Rien d’exceptionnel. Et pas de quoi payer la super bouteille que sa mère lui réclame. De toute façon, il ne compte pas lui offrir un alcool à 3000. Elle ne saurait pas l’apprécier. Tout ce qu’elle veut, c’est sa dose d’alcool pour la combiner avec ses petits cachets qui l’emmènent tout droit au pays des licornes. Etonnant qu’elle ne lui ai pas demandé de ramener des amphets… Elle n’est sûrement pas encore arrivée au bout de sa réserve. La dernière fois, Bran l’a surpris entrain d’essayer de déboutonner le froc d’un dealer tout en le suppliant de la laisser le sucer pour payer. Jusqu’où sa mère compte-t-elle se rabaisser ? Bien plus loin qu’il ne l’aurait jamais cru, en tout cas. Le chemin jusqu’à l’épicerie n’est pas très long. Mais il a eu le temps d’enchaîner trois clopes. La première ayant été fumée en express, la deuxième un peu plus lentement, et la troisième davantage savourée. Il jette son mégot dans un vieux pot à fleurs que le gérant a déposé dans l’entrée à cet effet, et il pousse la porte de la boutique. La petite cloche tinte et il salue d’un geste de la main l’employé qui se trouve à la caisse. Comme le con qu’il est, il se dirige directement au rayon des bouteilles. Ici, il n’y a que des marques bas de gamme. Du jus de pisse, comme dirait sa mère. Mais il s’en fout. Sa seule drogue, à lui, c’est les clopes. Mais si satisfaire sa mère peut lui permettre d’être tranquille pour les jours à venir, il lui ramènera sa bouteille. Machinalement, il se saisit d’une, faisant exprès de ne pas prendre la même que d’habitude pour qu’elle pense qu’il a été chercher son produit de luxe, et remonte la boutique. Au détour d’un rayon, il manque de percuter quelqu’un et freine de justesse. Il baisse le regard vers la tête blonde et il ne met pas longtemps à la reconnaître.

Hum… désolé. Salut Cassie.

La première et la dernière fois qu’il a vu la demoiselle, celle-ci était tombée d’un escalier au point de s’amocher sérieusement au niveau des côtes. Cet accident domestique soulève quelques questions dans l’esprit de Bran, mais le jeune homme n’est pas du genre à s’immiscer dans la vie des autres. Il a bien trop à faire avec sa propre vie… alors celles des autres ? Très peu pour lui.

Comment vont tes côtes ?
Revenir en haut Aller en bas
Crystal M. Graham

Crystal M. Graham


♈ Messages : 12
♈ Friandises : 13
♈ A New York depuis : 09/05/2016

Grandir sans parents, on connaît ça - Bran Empty
MessageSujet: Re: Grandir sans parents, on connaît ça - Bran   Grandir sans parents, on connaît ça - Bran EmptyDim 22 Oct 2023 - 14:49

La jolie blonde flânait dans les rayons de l’épicerie, l’air pensif. Elle se demandait ce que serait sa vie si elle était née dans une famille différente. Si son père avait tenu sa promesse d’amour éternel envers sa mère. Peut-être que Jenna n’aurait jamais sombré dans l’alcool, elle aurait continué à s’occuper de Crystal, à lui donner son amour et son temps. Peut-être aurait elle eu des frères ou des soeurs. Son regard erra sur les boîtes multicolores de céréales. Un sourire flotta sur ses lèvres quand elle se rappela des doux moments qu’elle avait passé. Enfant, elle adorait ces céréales bien trop sucrées. Elle revoyait sa mère préparer son bol tandis que son père entrait dans la cuisine. Il buvait rapidement une tasse café, embrassait sa mère, lui déposait un baiser sur le front avant de s’en aller travailler. C’était un souvenir qui faisait cliché, mais c’était sûrement l’un des souvenirs les plus heureux qu’elle avait… Revenant à la réalité, son sourire disparut rapidement. Ce souvenir était terminé, il appartenait au passé et elle devait se concentrer sur son présent.

Crystal décida de quitter le rayon de céréales. C’était une denrée trop chère et non nécessaire pour la jeune femme. Il lui fallait des aliments plus consistants pour ne pas mourir de faim. Mais surtout, elle voulait éviter de dépenser trop d’argent. Il ne lui restait plus beaucoup de sous, elle devait donc acheter le strict nécessaire. Alors qu’elle atteint le bout du rayon, elle manqua de se faire percuter par un homme. Juste à temps, il freina. De son côté la jeune femme sursauta légèrement, surprise car elle se croyait seule dans les rayons. Elle leva les yeux et croisa le regard d’un visage familier. En entendant le prénom qu’il avait utilisé pour la saluer, Crystal eut un petit instant de panique qu’elle cacha. Elle se rappela alors qui était le jeune homme qui lui faisait face. Bran. Alors qu’elle avait été rouée de coups, il l’avait été en soignant ses blessure superficielles. Mais ne sachant pas si elle était avec un allié, un ennemi ou une personne neutre, Crys avait préféré se protéger en mentant sur son identité ainsi que sur les origines de ses blessures.

« Salut Bran ! Comment tu vas ? » lui dit-elle souriante.

Queenie était une jeune femme souriante, optimiste et enjouée. Bien sûr, le jour de leur rencontre, Bran n’avait pas vraiment eu l’occasion de le constater. En même temps, avec des côtes et le nez cassés, Crystal n’avait pas vraiment la tête à amuser la galerie. Maintenant que Crystal allait mieux, elle put prêter un peu plus attention au jeune homme qui lui faisait face. Il était bien plus grand qu’elle, avec des épaules larges et un regard perçant. Soudain, Crystal se demanda à quoi ressembler le jeune homme lorsqu’il souriait… Il doit être vraiment beau quand il sourit, se dit-elle. Oui, elle se sentait attirée par le jeune homme, après tout, c’était une femme et elle avait face à lui un bel homme ! Mais, elle refusa de lui montrer ce début d’attirance tant qu’elle n’en saurait pas plus.

« Mes côtes vont bien. Encore merci pour la dernière fois, c’était vraiment sympa ! »

Crystal lui offrit un nouveau sourire sincère. Pourtant, pour la première fois de sa vie, la jolie blonde se sentit un peu gênée lui mentir sur son identité, bien qu’elle savait que c’était pour se protéger. Et puis, elle sentait qu’au fond d’elle, une infime partie voulait connaître un peu plus Bran mais aussi lui montrer cette partie vulnérable qu’elle cachait au monde entier. En se rendant chez le jeune homme, Crystal avait pu constater qu’ils partageait une vie de famille assez similaire avec leurs mères perdues dans leurs addictions. Bien sûr que dans son gang, Crystal aurait pu parler de ce qu’elle vivait avec des amies. Elle savait que certains membres avaient des vies similaires à la sienne. Mais dans le gang, elle se devait d’être forte, montrer que rien ne l’atteignait ! Mais peut-être qu’avec Bran, elle pourrait parler de ce qu’elle ressentait vraiment face à l’alcoolisme de sa mère… Voulant prolonger cette conversation, en espérant qu’il ne la fuit pas, Crystal tenta une approche inattendue :

« Tu t’y connais en sauce ? J’aimerais bien manger autre chose que des pâtes au ketchup. » dit-elle en riant.
Revenir en haut Aller en bas
Bran Gallagher

Bran Gallagher


♈ Messages : 12
♈ Friandises : 13
♈ A New York depuis : 09/05/2016
♈ Quartier : Bronx

Grandir sans parents, on connaît ça - Bran Empty
MessageSujet: Re: Grandir sans parents, on connaît ça - Bran   Grandir sans parents, on connaît ça - Bran EmptyMar 14 Nov 2023 - 10:34

Le problème avec les parents toxiques, c’est que lorsqu’ils ont une grande influence sur leurs enfants, il est quasiment impossible de s’en détacher. Certains arrivent à s’échapper de leur emprise et à reconstruire une vie ailleurs. Mais la grande majorité n’y arrive pas, et c’est précisément le cas de Bran qui ne peut pas oublier tous les bons moments qu’il a vécu avec elle, avant qu’elle ne sombre et ne devienne cette loque humaine qui passe aujourd’hui plus de temps à macérer dans le jus de son lit, à boire et à consommer de la drogue dure. C’est pour ces souvenirs-là que le jeune homme reste et aussi parce qu’il ne se voit pas l’abandonner sans jamais se retourner. Qu’est-ce qu’elle deviendrait sans lui ? Elle finirait par mourir, crevant probablement la bouche ouverte à cause du trop grand manque de ses addictions. Ni elle, ni lui, n’a les moyens de l’envoyer en centre de désintoxication. Ils ont parfois à peine de quoi manger, alors se payer des frais médicaux ? Inutile d’y songer.

Dans cette épicerie, il sait précisément où aller chercher le Saint-Graal. Il la fréquente depuis son plus jeune âge et même si les caissiers n’ont jamais été les mêmes plusieurs années d'affilée, les rayons n’ont jamais changé de disposition. Et on ne peut pas dire non plus qu’il y ait eu beaucoup de vent de nouveauté dans les produits. Toujours les mêmes. La seule nouveauté, c’est quand l’emballage change. Et encore… Arrivé au rayon alcool, il prend une bouteille que sa mère ne boit pas d’habitude, afin qu’elle croit qu’il a obéit en ne ramenant pas “la même merde imbuvable”. Sauf que la merde imbuvable, elle se la siffle de bon coeur et sans demander à qui que ce soit s’il en veut. Bran ne s’attarde pas. Il n’a besoin de rien d’autre. Les courses ont été faites quelques jours plutôt, soigneusement enfermées dans un placard auquel il a mis un cadenas après que sa mère ait eu un jour la bonne idée de littéralement tout bouffer en une journée… Il se souvient encore de leur engueulade quand il l’a retrouvé en train d’essayer de forcer le verrou du cadenas. Elle l’a accusé de vouloir la laisser crever de faim, elle l’a traité de fils indigne, de déchet de l’humanité, de sous-merde… Il l’a laissé vomir sa haine, sachant pertinemment que ce sont les addictions qui parlent pour elle. Bran est devenu plus dur face à toute cette verve. Il ne se laisse plus toucher. Au début, ça lui faisait mal d’entendre tout ça. A présent, il s’est endurci. Ça ne lui plaît pas pour autant de l’entendre, mais il arrive à mieux passer au-dessus.

Au détour d’un rayon, il manque de heurter un client. Il freine de justesse avant qu’il n’y ait collision. En baissant les yeux vers la tête blonde, il la reconnaît immédiatement : Cassie. La dernière fois qu’il l’a vu, elle était sacrément bien amochée et sûrement quelques côtes cassées. Un soi-disant accident auquel Bran a quelques doutes. Surtout qu’elle donnait plutôt l’impression d’avoir été percutée par un semi-remorque. Mais qui est-il pour juger ce qu’il a vu ? Personne. Et il ne la connaît pas suffisamment pour poser des questions indiscrètes. Ce n’est pas dans les habitudes du quartier où ils vivent de s’occuper des affaires des autres, surtout de ceux qu’on ne connaît pas. Rien d’étonnant à ce qu’il y ait des meurtres et des viols puisque chacun s’occupe de son propre paillasson et pas de celui de la voisine. A son tour, Cassie remet un nom sur son visage et lui offre un sourire lumineux. Comme s’ils étaient de bons potes depuis des années et qu’il mérite cette démonstration de joie.

Ouais, ça va, dit-il en haussant les épaules.

Un mensonge, mais la réponse à cette question est toujours un mensonge. Les gens ne vont pas forcément bien et ils répondent quand même que “ça va”. Bran ne fait pas exception. Mais en même temps, pourquoi irait-il lui répondre le contraire ? Cela voudrait dire lui expliquer la situation avec sa mère, et ils ne sont définitivement pas assez intimes pour ça. Cassie est une demoiselle croisée dans la rue à qui il a prêté assistance, pas sa meilleure amie qui sait tout de sa vie. Planté devant elle, il ne sait pas trop quoi dire d’autre, alors il pose la seule et unique question qu’il peut : savoir comment vont ses côtes depuis la seule et unique fois où ils se sont vus. Il hoche la tête, soulagé que ses premiers soins aient été suffisants pour la remettre sur pieds. Il a eu l’occasion de se retrouver dans le même état qu’elle, à plus d’une occasion. Il faut dire que les rencontres entre les Loups et les Cribs sont parfois assez violentes. Plus d’une fois, Bran a fini passé à tabac. Et quand on n’a pas les sous pour aller se faire soigner, on apprend à se soigner soi-même.

De rien, c’est normal.

Taciturne, Bran n’est pas un grand bavard. Il est le membre silencieux de son clan. Celui qui observe mais ne dit rien. Les rares fois où il s’exprime, c’est pour dire quelque chose de censé. Parler pour ne rien dire, ce n’est pas dans ses habitudes. Et puis, la solitude a eu tellement raison de lui qu’aujourd’hui, on ne peut pas dire qu’il sache encore comment nouer des liens avec les inconnus. Cet état de fait ne semble pas du tout gêner Cassie puisqu’elle lui demande s’il s’y connaît en sauce. A aucun moment, Bran n’aurait pu anticiper cette question puisqu’elle sort littéralement de nulle part et parce que c’est une demande bien étrange… Ne demande-t-on pas ça à ses amis, normalement ?

Euh…

Pour le coup, le jeune homme est pris au dépourvu. Est-ce qu’il a une tête de cuisto ? On ne peut pas dire que sa vie lui permette de faire de la grande cuisine… Nerveusement, il passe une main dans ses cheveux bruns et réfléchit quand même deux secondes à la question de la demoiselle. Il a parfois du mal à avoir de quoi mettre du beurre dans ses pâtes alors de la sauce ?

J’crois… J’crois que tu peux faire des trucs avec des cubes de bouillon… dit-il un brin hésitant. Jamais essayé.

Tout comme elle, Bran n’a pas souvent l’occasion de manger de la nourriture gastronomique. Les trois quart du temps, il mange des nouilles instantanées. C’est pas cher, et ça nourrit suffisamment pour ne pas crever de faim.
Revenir en haut Aller en bas
Crystal M. Graham

Crystal M. Graham


♈ Messages : 12
♈ Friandises : 13
♈ A New York depuis : 09/05/2016

Grandir sans parents, on connaît ça - Bran Empty
MessageSujet: Re: Grandir sans parents, on connaît ça - Bran   Grandir sans parents, on connaît ça - Bran EmptyMar 14 Nov 2023 - 16:24

Crystal avait toujours été une fille pétillante, souriante et extravertie. C’était l’amie qui réconfortait les autres et leur remontait le moral quand ils n’allaient pas bien. C’était elle aussi qui mettait l’ambiance avec des blagues, pas toujours drôle, son rire franc et ses pitreries. Elle répandait la joie et la bonne humeur. Mais ça, ce n’était qu’une carapace. En réalité, la jeune femme cachait un profond mal-être, celle de ne pas être aimée et abandonnée. Après tout, son père les avait abandonné, elle et sa mère, alors qu’elle était encore une enfant. Il lui était déjà arrivé de se dire qu’elle ne méritait peut-être pas d’être aimée. Il y avait sûrement quelque chose chez elle qui clochait, son père avait vu un détail, une faille chez elle qui expliquait son départ soudain. C’étaient les pensées qui traversaient son esprit. Bien sûr, elle ne se laissait pas envahir bien longtemps par sa tristesse. Elle avait plus urgent en tête ! Comme actuellement, avec ses courses. Si elle ne les faisait pas, elle finirait par mourir de faim. Sa mère ne sortait que pour s’acheter de l’alcool ou pour dépenser le peu d’argent donné par l’état dans un bar miteux.
On l’appellerait sûrement pour lui dire que sa mère avait fini ivre morte… ou au commissariat pour état d’ébriété sur la voie publique. La routine, en somme.

Quand la jolie blonde s’était rendue à l’épicerie, elle ne pensait pas revoir Bran, son sauveur d’un soir. Il l’avait rafistolé après qu’elle se soit faite tabassée par la bande rivale des Loups. Heureusement qu’elle était tombée sur des femmes et pas sur des hommes. Sinon, elle aurait fini dans un état bien pire ! Crystal n’avait pas été franche avec le jeune homme. Ne sachant pas à qui elle avait à faire, elle avait préféré taire son identité et la raison de ses contusions. Elle n’était pas obligée de tout dévoiler au premier venu, aussi attirant soit-il.
Les deux jeunes gens échangeaient des banalités au détour d’un rayon. Rien d’exceptionnel. Pourtant, la jeune délinquante n’oubliait l’image de la mère du jeune homme, affalée dans son canapé. Crystal connaissait que trop bien cette vie. Sa propre mère oscillait entre la léthargie après avoir eu sa dose d’alcool et la violence lorsqu’elle en manquait. C’était un cycle sans fin qui l’avait poussée, Crystal, à devenir plus forte, plus indépendante, et parfois, à prendre des décisions difficiles pour survivre. Elle voyait bien qu’il se cachait derrière un mur blindé, n’affichant aucun sentiment. La jeune femme, elle, cachait sa peine derrière des sourires et des blagues à Toto bêtes. Elle comprenait la nécessité de ne pas montrer ses faiblesses.
Crystal, romantique dans l’âme même si elle ne l’avouerait jamais, trouvait son air renfrogné attendrissant. Elle remarquait bien qu’il n’était pas du genre à parler de lui ou même à s’étaler en discussions stériles. Parler de la pluie et du beau temps n’était pas près d’arriver. Mais ça ne dérangeait pas Queenie. C’était une véritable pipelette, ça ne la dérangerait pas de mener la conversation. Et c’est ce qu’elle fit en lui demandant de manière inattendue s’il avait une quelconque expérience en cuisine et surtout en préparation de sauce, pour éviter de manger encore des pâtes au ketchup. Comme elle s’y attendait, sa question le déstabilisa. Elle l’avait pris au dépourvu. Elle en aurait presque ris. Elle le vit passer sa main dans ses cheveux avant de bredouiller une réponse vague.

« Cube de bouillon, c’est noté ! »

Puis, Crystal l’observa, tout penaud devant sa question qui sortait de nul part. Elle lui fit un sourire taquin avant de lui dire :

« Pète un coup, je vais pas te demander de venir chez moi faire la cuisine. Je vois bien que tu n’es pas un chef étoilé ! »

Elle rit doucement. La jeune femme voulait le dérider un peu, voir à quoi il ressemblerait s’il souriait. Et puis, une partie d’elle voulait le faire parler, poursuivre cette discussion alors qu’ils n’avaient absolument rien à se dire ! Crystal avait vraiment envie de le connaître un peu mieux. Et si pour ça elle devait entrer dans sa vie par la force ou la ruse, elle le ferait. Elle se sentait étrangement attiré par le jeune homme. Elle n’arrivait pas expliquer d’où lui venait ce sentiment. Elle avait eu quelques histoires mais aucune n’avait commencé comme ce qui se passait actuellement.
Revenir en haut Aller en bas
Bran Gallagher

Bran Gallagher


♈ Messages : 12
♈ Friandises : 13
♈ A New York depuis : 09/05/2016
♈ Quartier : Bronx

Grandir sans parents, on connaît ça - Bran Empty
MessageSujet: Re: Grandir sans parents, on connaît ça - Bran   Grandir sans parents, on connaît ça - Bran EmptyVen 8 Déc 2023 - 13:37

Bran était autrefois un garçon plein de vie. Du genre à sourire tout le temps et à escalader les murets pour feindre d’être un funambule. Comme tout petit garçon, il a été à la fois policier, pompier, super héros, médecin, cuisinier… Aujourd’hui, le jeune homme n’est plus que l’ombre de lui-même. Et pour cause, les épreuves de la vie n’ont pas été tendres avec lui. Surtout en rendant sa mère alcoolique. C’est ce moment-là qui a marqué la déchéance dans sa vie. Il a vite compris que le son de sa voix a tendance à irriter sa mère lorsqu’elle a un peu trop bu. Alors il s’est mis à se taire. Et puis, il a appris à ne parler que lorsque c’est vraiment utile. Il ne se perd plus en palabres quelconque. Bran s’est dénaturé pour pouvoir survivre dans ce monde pas aussi beau et aussi rose qu’on nous l’indique sur le papier. Il se retrouve souvent démuni face aux autres qui ont encore la parlotte facile. Un peu comme Cassie qui le déstabilise. Malgré la raclée - ou plutôt sa sacrée chute dans les escaliers - de l’autre jour, elle ne semble pas perdre une once d’étincelles. Il ne sait pas s’il doit la traiter d’idiote ou bien être admiratif. Un peu des deux, sûrement. En ce qui le concerne, chaque gifle, chaque coup, chaque blessure ont été un apprentissage qui l’ont conduit à ce côté taciturne. Pas elle. Elle lui parle de sauce. Comme s’il avait une tête de grand cuisinier qui pourrait améliorer la saveur de ses plats. Une belle connerie puisque lui-même sait à peine cuisiner. Le plus surprenant, c’est qu’il réfléchit à la question. Sérieusement, en plus. Il croit se souvenir d’un truc, peut-être l’a-t-il appris au cours d’une émission quelconque à deux ou trois heures du matin, mais ça parlait de cube de bouillon. Mais sans certitude puisque les seules fois où Bran utilise un cube de bouillon, c’est pour préparer une soupe de vermicelles.

Non, j’en suis pas un. Et tu risquerais de mourir empoisonnée. Ca m’embêterait de t’avoir rafistolée pour que tu meurs après.

Il s’estime chanceux lorsqu’un repas n’est pas uniquement constitué de crackers, alors lui parler de grande cuisine ? C’est bon pour les émissions télévisées. Bran ne sait vraiment pas quoi dire de plus à la demoiselle. Le silence s’installe à ce détour des rayons du superette. Il s’étend. Ni l’un, ni l’autre ne sait quoi dire pour le meubler. Soudain, il remarque le regard de Cassie se poser sur la bouteille d’alcool qu’il tient dans la main. Il avait presque oublié pourquoi il est là : acheter de l’alcool pour que sa mère lui foute la paix. Son bras a un léger mouvement de recul. Il est gêné à l’idée qu’elle pense qu’il ait besoin de ça alors que son seul et unique vice réside dans la clope.

Pose pas de question, dit-il soudainement d’une voix un peu plus rude qu’il n’aurait souhaité.

Bran n’a aucune envie d’étaler sa vie à une inconnue. C’est déjà assez difficile au quotidien à gérer, il n’a pas envie qu’elle soit au courant que du haut de ses vingt-trois ans, il doit gérer les addictions de sa mère. Son cas n’est pas unique, nombreux sont les gamins du quartier qui ont des parents complètement bancales, mais elle a déjà eu un aperçu de l’intérieur de leur appart miteux, ce n’est pas pour en rajouter une couche.
Revenir en haut Aller en bas
Crystal M. Graham

Crystal M. Graham


♈ Messages : 12
♈ Friandises : 13
♈ A New York depuis : 09/05/2016

Grandir sans parents, on connaît ça - Bran Empty
MessageSujet: Re: Grandir sans parents, on connaît ça - Bran   Grandir sans parents, on connaît ça - Bran EmptyMar 12 Déc 2023 - 19:22

Crystal taquinait un peu Bran, histoire de le dérider un peu. Il avait l’air si impassible, si stoïque ! Elle se demandait s’il lui arrivait de rire ou juste de sourire. Elle était sûre qu’il devait être encore plus beau quand il ne faisait pas une tête de six pieds de long. Mais la jeune femme avait eu un aperçu de sa vie. Une vie peu reluisante avec une mère amorphe devant la télé. Douloureusement, ça lui rappelait son propre vécu avec sa mère qui avait longtemps abandonné son rôle de parent et son père qui les avait quitté pour une femme plus jeune. Au départ, Crystal en avait voulu à ses parents de l’avoir abandonné. Mais à présent, elle était plus forte, capable de surmonter les difficultés qui se mettaient en travers de son chemin. Elle ne savait pas ce que la vie lui réservait mais elle savait qu’elle était prête à affronter les coups durs. C’était en parti ce qui lui permettait de garder le sourire, même quand elle allait mal. Elle refusait que la morosité ne l’emporte sur elle…
Quand Bran lui rappela qu’il l’avait aidé à panser ses blessures, elle sentit ses joues rougirent un peu. Ce jour-là, elle s’était retrouvée en soutien-gorge devant un parfait inconnu. Bien sûr, Bran n’avait eu aucun geste ou parole déplacé. Il s’était contenté de la « rafistoler » comme il disait. Pourtant, il aurait pu tenter d’en profiter, la tripoter un peu ou essayer d’obtenir d’elle une compensation pour l’aide apportée. Mais non. Il était resté respectueux et poli avec elle. Crystal n’oubliait pas ce qu’il avait fait pour elle. Peut-être que pour le jeune homme ce n’était rien. Mais pour Crystal, c’était beaucoup.

« Mourir empoisonné ?! Tu es si nul que ça ? Je peux pas y croire ! Tu sais au moins faire des pâtes ou une omelette, non ? » demanda-t-elle.

Crystal était de nature curieuse. Bien sûr, avec sa carrière florissante de délinquante, elle avait apprit à taire sa tendance à se mêler de ce qui ne la regardait pas. Dans la rue, quand on fourrait son nez partout, on finissait par se le faire casser. Crystal l’avait apprit à ses dépens. Elle n’avait pas oublié cette leçon durement acquise. Alors quand elle remarqua la bouteille d’alcool dans la main de Bran, Crystal ne dit rien mais le jeune homme avait capté son regard. La jeune femme aurait pu ne pas y faire attention. Après tout, elle fréquentait des gens qui se battaient après avoir consommé une ligne ou deux de cocaïne. Mais quand Bran lui intima l’ordre de ne pas poser de question, elle comprit. Cette bouteille n’était pas pour lui. Sûrement pour sa mère qu’elle avait brièvement aperçue le jour de leur rencontre.

La jolie blonde se sentit encore plus attirée par le taciturne Bran. Elle comprenait son malaise pour l’avoir vécu. Elle ne comptait plus les fois où elle avait dût aller récupérer sa mère au bar u coin, complètement bourrée ou défoncée à elle ne savait pas quelle drogue dans une ruelle. Mais jamais Crystal n’avait abordé le sujet avec qui que ce soit. Pas même avec ses plus proches amies. Pourtant, dans cette épicerie de quartier, avec Bran, elle ressentit le besoin de parler. Pour une fois, elle sentit qu’avec une personne sur cette Terre, elle pourrait parler sans être jugée ou qu’on ne lui dise que ce n’était pas si dramatique. Bah oui, après tout, sa mère ne l’avait pas vendu pour sa dose d’héroïne… Oui, on lui avait un jour fait cette remarque. Après cela, Crystal n’avait plus jamais abordé le sujet, préférant taire ses sentiments meurtris. Elle soupira et le regard rivé sur le sol, elle dit d’une petite voix :

« Quand j’avais 10 ans… Mon père est parti. Il m’a laissé seule avec ma mère qui a complètement sombré. Un jour, j’ai dû nettoyer son vomi… elle était shootée et ivre… J’avais à peine 11 ans et je nettoyais toute cette merde… Je crois que c’est la première fois que j’ai vu une seringue pendue à son bras… »

Ce souvenir avait marqué la petite fille qu’elle était. Au départ de son père, Crystal avait pensé qu’il reviendrait mais ce ne fut pas le cas. Sa mère, connaissant la vérité, n’avait pas attendu en vain. Elle avait plongé dans l’alcool et la drogue, espérant noyer son chagrin. Jamais elle n’avait pensé à sa fille, à tout le mal qu’elle lui infligerait. Tout ce qui comptait à ses yeux, c’était la peine qui avait résulté du départ de son conjoint. Crystal avait dût s’occuper d’elle mais aussi d’une adulte qui avait baissé les bras. À un âge où elle aurait dût jouer à la marelle ou la poupée, elle couchait sa mère après avoir l’avoir lavé des traces de sa débauche… Et puis, elle avait grandi. Crystal avait refusé de continuer à s’occuper de sa mère quand celle-ci avait abandonné ses responsabilités envers elle. À quoi bon ? Elle n’aurait pas un diplôme ou de bons points pour avoir été l’adulte. Alors pour oublier le calvaire qu’elle vivait chez elle, la jolie blonde s’était mise à traîner dehors. D’abord dans la journée et à présent, même la nuit ne l’empêchait pas de sortir retrouver sa bande de délinquants. Comme beaucoup, Crystal aurait pût faire comme sa mère et certains de ses amis en cédant à l’appel de la drogue ou de l’alcool. Mais elle refusait de lui ressembler. Il n’était pas question pour elle de devenir un déchet humain, incapable de prendre soin d’elle. La jeune femme voyait bien le regard que les « gens biens » lançaient aux drogués. Elle avait déjà la malchance d’être née dans la mauvaise famille. Elle était vue comme une pauvre fille paumée qui finirait par se prostituer car elle n’avait aucun diplôme… Aucun avenir. Alors si elle se droguait… Sortant de ses pensées, elle leva la tête et croisa le regard de Bran…
Revenir en haut Aller en bas
Bran Gallagher

Bran Gallagher


♈ Messages : 12
♈ Friandises : 13
♈ A New York depuis : 09/05/2016
♈ Quartier : Bronx

Grandir sans parents, on connaît ça - Bran Empty
MessageSujet: Re: Grandir sans parents, on connaît ça - Bran   Grandir sans parents, on connaît ça - Bran EmptyJeu 28 Déc 2023 - 21:02

Il ne sait pas vraiment où Cassie souhaite en venir en lui parlant de sauce, ou de cuisine, en règle générale. On ne peut pas dire que son mode de vie lui permet des repas de haute gastronomie. La plupart du temps, il se satisfait de crackers, ou de nouilles instantanées puisqu’ils n’ont pas les moyens de s’offrir beaucoup plus. Le peu d’argent que Bran arrive à ramener chez eux, sa mère le dilapide en alcool ou en drogue. Heureusement qu’il arrive à en cacher pour leur assurer un moyen de survie… sinon, ils ne mangeraient absolument rien, et il y aurait longtemps qu’ils auraient crevé de faim. Le plus luxueux qu’il peut encore s’offrir, ce sont des spaghettis à la sauce bolognaise. Et bien sûr, il achète le pot de sauce toute faite… donc autant dire qu’il n’y a quasiment aucune viande dans son assiette. Un jour, peut-être, se débarrassera-t-il de tous ces démons pour construire quelque chose de mieux. Ailleurs. Loin. Il y a longtemps qu’il a cessé de rêver, mais au fond de lui, il garde quand même un petit espoir. C’est ce qui lui permet de s’accrocher… De même qu’il s’accroche à tous les bons souvenirs qu’il a avec sa mère, pour ne pas l’abandonner à son triste sort… Elle ne mérite pas un sort aussi cruel. Elle est tout ce qui lui reste. Hormis les gars de son clan…

Ouais, je peux faire ça, répond-t-il à sa question.

Mais pas vraiment plus. Et il est relativement sérieux quand il parle de mort par empoisonnement. Il y a des aventures culinaires qu’il vaut mieux éviter de faire, et avec sa chance, il serait capable de mettre quelque chose qu’il ne faut pas et rendre ça infâme. On dit qu’il n’y a pas plus facile que de suivre une recette, mais pour être bon, il faut pouvoir pratiquer. On ne peut pas réussir un plat dès le premier essai, si ? La première fois que Bran a voulu faire des pâtes, il a oublié l’eau et les pâtes ont littéralement brûlé. Google a été son ami, mais mettre de l’eau dans une casserole et la porter à ébullition n’est pas ce qu’il qualifie de compliqué à côté de la grande cuisine.

Il remarque alors le regard qu’elle pose sur la bouteille d’alcool qu’il tient dans la main. Bran avait presque oublié qu’il est là pour faire une petite course pour sa mère. Mécaniquement, son bras a un léger mouvement de recul comme pour cacher la bouteille dans son dos. Il ne sait pas pourquoi il n’aime pas l’idée qu’elle pense qu’il boit alors que son seul et unique vice, c’est de fumer des clopes. Ils ne se connaissent pas suffisamment pour qu’ils puissent émettre un jugement l’un sur l’autre. Puis, acheter une bouteille d’alcool n’a rien d’étrange. Il pourrait très bien organiser une fête avec des amis ? Ouais, il pourrait. Seulement, Bran n’oublie pas que Cassie a mis les pieds chez lui, et elle a bien dû se rendre compte qu’il n’a pas les moyens de faire une fête avec ses amis. Ni qu’il inviterait sciemment ses amis chez lui alors que l’appartement ressemble à un bordel sans nom. Le ton qu’il emploie est sans appel. Il n’a pas à se justifier devant elle. La jeune femme ne dit rien. Elle relève simplement ses yeux vers lui. Ça lui convient. Et il pense que ça va s’arrêter là, sauf qu’elle le prend de court lorsqu’elle ouvre la bouche. Ses aveux trouvent écho en lui. Cela n’aurait pas dû l’étonner. La plupart des gamins du quartier ne connaissent que ça. Quelque uns ont la chance d’avoir des parents normaux qui enchaînent trois boulots pour pouvoir joindre les deux et manger à leur faim, mais ils n’ont pas forcément une vie moins misérable. Cassie et lui ont hérité de deux parents toxicos qui ne savent plus s’occuper d’eux-mêmes par leur propre volonté. Ils n’ont pas eu d’autres choix que de prendre les choses en main s’ils voulaient survivre. Quand elle eut terminé de lui raconter brièvement son histoire, Bran ne dit rien pendant quelques secondes. Elle s’est livrée à lui. Mais est-ce que lui a envie d’en faire de même ? Il n’en sait rien. Même ses potes de clans ne savent pas tout. Ils savent juste que s’il les a rejoint, c’est parce qu’il n’a pas eu d’autre choix pour survivre.

Jamais connu mon père, dit-il après un temps infiniment long. J’ai toujours connu ma mère toxico. Les assistants sociaux ont essayé de me placer dans des familles d’accueil, mais je me suis toujours enfui… Et je me suis émancipé à seize ans pour être tranquille.

Quelqu’un de censé dirait qu’il a été complètement idiot et n’a pas profité de sa chance d’être dans une famille stable pour pouvoir faire des études ; et pourquoi pas commencer sainement dans la vie ? Mais Bran n’a jamais pu se résoudre à abandonner sa mère. Sans lui, il y a sûrement longtemps qu’elle serait morte. Son cadavre aurait été trouvé par le proprio quand il se serait rendu compte qu’elle ne payait plus le loyer depuis plusieurs mois.
Revenir en haut Aller en bas
Crystal M. Graham

Crystal M. Graham


♈ Messages : 12
♈ Friandises : 13
♈ A New York depuis : 09/05/2016

Grandir sans parents, on connaît ça - Bran Empty
MessageSujet: Re: Grandir sans parents, on connaît ça - Bran   Grandir sans parents, on connaît ça - Bran EmptyMar 16 Jan 2024 - 16:08

Crystal ne sait pas pourquoi elle insiste autant pour faire parler le jeune homme. Après tout, la rue lui a apprit à se mêler de ses oignons ! Elle savait d’expérience qu’il valait mieux, dans certains cas, ne pas insister pour éclaircir les zones d’ombres chez une personne. Mais face à Bran, elle ne pouvait s’empêcher de vouloir comprendre le beau brun ténébreux. Elle se doutait bien qu’elle risquait de s’en mordre les doigts mais elle tentait le coup malgré tout. C’était comme si elle ressentait une attraction irrésistible entre eux. Comme s’ils étaient liés d’une façon ou d’une autre. Bran n’était pas le premier jeune abandonné par ses parents que la jolie blonde rencontrait. La plupart de ses amies et membres du gang étaient ce genre d’enfants. Ils avaient grandi ensemble dans la rue, sans autorité parentale. Presque tous savaient ce que ça faisait de voir un de ses parents, voir les deux, se détruire à petit feu. Ils connaissaient l’impuissance et la colère que cette situation provoquait. Oui, Bran n’était malheureusement pas une exception. Et pourtant, Crystal voulait le connaître, l’aider et le soutenir. La tâche n’allait pas être facile, Bran semblait si réservé…

La jeune femme avait tenté de lui parler de sujets légers et sans enjeux personnels. Il n’avait pas besoin de se dévoiler en parlant de cuisine. Crystal ne savait pas si elle était douée derrière les fourneaux, ni même si elle aimait ça. Ses performances se résumaient à faire des pâtes, une omelettes et des sandwiches avec les restes encore consommables qui traînaient dans le frigo ou les placards miteux de la cuisine. Ce n’était pas assez pour réellement juger de ses qualités de cuisinière ou de son envie de cuisiner. Cette tâche était une simple question de survie. Crystal ne cuisinait pas pour le plaisir, jamais.
Quand elle s’était mise à en parler, Bran n’avait pas semblé plus ouvert à la discussion. Crystal aurait presque été tentée d’abandonner ses tentatives quand elle remarqua la bouteille d’alcool que Bran avait en main. Il avait eu un mouvement de recul, signe que la bouteille n’était pas pour lui, sinon pourquoi s’en cacher ? Il avait très rapidement demandé à la jeune femme de ne rien dire. Mais c’était impossible pour elle. Vivant dans un foyer précaire où son seul parent présent était perdu dans le labyrinthe tortueux des addictions, la jeune femme se sentie immédiatement attirée. C’était comme si elle savait ce qu’il pouvait ressentir… ou du moins, elle en avait une vague idée. Alors, elle s’était soudainement confiée à lui. Abandonnant son air enjoué et extravertie, Crystal laissa à Bran l’occasion d’apercevoir sa propre détresse. Ce n’était plus la jeune femme souriante qui s’exprimait mais la petite fille triste et seule. Elle ne montrait jamais cette facette d’elle. À personne. La rue lui avait apprit que montrer ses sentiments était un aveu de faiblesse. Et les faibles meurent vite. Elle s’était donc endurcie, cachant ses sentiments derrière un masque de jovialité et de bonne humeur… sauf quand elle était face aux membres du gang rival, les Loups. Là, par contre, elle devenait une furie, prête à se battre et faire du mal. Laisser une ennemie au sol, baignant dans son propre sang ne l’effrayait plus. Elle l’avait elle-même subi mais c’était le choix qu’elle avait fait en acceptant de devenir une Cribs.
Crystal ne pensait que Bran se confierait à son tour. Elle lui avait raconté ce souvenir pour qu’il sache qu’elle avait aussi une mère dépendante à des addictions. Qu’il n’éprouve aucune honte, elle aussi s’était retrouvée plus d’une fois à acheter des bouteilles d’alcool à sa mère. Plus d’une fois, la petite Crystal avait servi dans les plans tordus que sa mère mettait en place pour se procurer ce liquide tant désiré. Quand l’argent venait à manquer, sa mère n’hésitait pas à voler si nécessaire et les poches d’une fillette était drôlement pratique. Aucun vigile n’aurait eu l’idée de fouiller une fillette de 11 ans avec la bouille de Crystal. Enfant, elle ressemblait à un petit ange avec sa frimousse toute mignonne et ses jolies couettes blondes.

Quand Bran lui expliqua brièvement son passé, Crystal se contenta de l’observer. Elle ne l’interrompit pas, se doutant que c’était un de ces rares moments où il devait parler de lui. Contrairement à elle, le jeune homme ne connaissait pas son père. Crystal se demandait ce qui était le pire : ne pas connaître son père ou savoir que son père ne voulait pas d’elle dans sa vie. Elle n’avait pas connu les assistantes sociales qui débarquaient dans la vie d’un enfant pour le placer de foyer en foyer. Et là encore, elle n’aurait su dire ce qui était le pire mais de toute façon, leur vie était faite, ils ne pouvaient pas revenir en arrière.

« C’était comment les familles d’accueil ? Je n’ai pas connu ça, ma mère a réussi pendant très longtemps à cacher ses vices et… je l’aidais beaucoup aussi. Je voulais pas partir… »

Aller en famille d’accueil voulait dire abandonner sa mère, et ça, Crystal ne se voyait pas le faire à l’époque. Même si sa mère l’avait abandonné, du certaine façon. Mais Crystal était persuadée, à l’époque, que sa mère traversait une mauvaise passe et qu’elle redeviendrait la mère attentionnée et aimante qu’elle avait été. Crystal attendait encore et toujours.
Revenir en haut Aller en bas
Bran Gallagher

Bran Gallagher


♈ Messages : 12
♈ Friandises : 13
♈ A New York depuis : 09/05/2016
♈ Quartier : Bronx

Grandir sans parents, on connaît ça - Bran Empty
MessageSujet: Re: Grandir sans parents, on connaît ça - Bran   Grandir sans parents, on connaît ça - Bran EmptyLun 29 Jan 2024 - 12:32

S’il y a bien un adjectif pour qualifier Cassie, c’est déconcertante. Bran a du mal à la cerner. Il a également du mal à comprendre pourquoi elle lui parle de sauce et de cuisine. Elle a bien vu dans quel type de logement il vit, et l’insalubrité des lieux. Elle doit bien se douter que le contenu de son frigo est plus vide que plein et que les aliments qui composent ses placards sont rudimentaires. Donc, il n’a absolument rien d’un cuisinier hors pairs. Pourtant, il sent bien qu’elle tente le tout pour le tout afin de maintenir la conversation entre eux. Surtout que le jeune homme n’est pas bavard pour deux ronds. C’est toujours difficile de lui tirer quelques paroles, voire même confessions. Il comprend à quel point ça peut être frustrant pour la personne en face de lui. Mais il n’est pas homme à parler pour ne rien dire. Lorsque les Loups se réunissent, il est souvent le mec un peu à l’écart en train d’écouter. Il n’est pas toujours d’accord sur tout, mais que peut-il faire face à l’écrasante majorité ? Pas grand chose puisque son avis ne changera pas la donne finale. Les quelques fois où on lui demande ce qu’il en pense, il hausse les épaules ou bien il reste très concis dans sa réponse.

La bouteille d’alcool qu’il tient à la main est un élément déclencheur. Il refuse tout bonnement qu’elle lui pose la moindre question à ce propos. Même si elle se doute que c’est loin d’être pour lui, il est loin d’être fier de céder aux caprices des addictions de sa mère. Cependant, s’il a le malheur de revenir à l’appartement les mains vides, elle risque de lui lancer autre chose qu’un verre dans la figure. Il a déjà une estafilade au niveau de l'œil, ce n’est pas la peine d’en rajouter une nouvelle couche. Les petites blessures sont facilement soignables soi-même. Les plus grosses en revanche… Bran n’a pas les moyens d’assurer des frais d’hôpitaux. Sinon, il y a bien longtemps qu’il aurait envoyé sa mère en cure. Ou bien qu’il se serait barré loin d’ici. Quoique pour ce dernier point, le jeune homme sait parfaitement que c’est faux. Il a déjà eu l’occasion à plusieurs reprises de s’en aller et se construire une vie loin de sa mère toxico, loin de l’insalubrité… Il est revenu à chaque fois. Ce serait un parfait sujet pour une psychanalyse. N’importe qui d’autre aurait adoré avoir la chance que Bran a eu et a littéralement refusé. En se confiant ainsi à Cassie, il aurait compris qu’elle lui dise qu’il a été idiot de ne pas profiter d’être sorti de l’enfer pour essayer de refaire sa vie ailleurs. Mais elle ne le fait pas. Au contraire, elle semble curieuse de savoir ce que comment c’était.

Mieux, répond-t-il. N’importe quoi peut-être mieux que leurs conditions de vie. Un lit propre, trois repas par jour, des vêtements neufs, des gens gentils qui veulent te lire une histoire avant de t’endormir… Je suppose que c’est la vie que j’aurais dû avoir si j’étais né ailleurs.

Ou peut-être que ça aurait été encore pire. Nul ne peut savoir dans quel type de famille il va tomber à la naissance. Au début, Bran était content de toutes les choses que sa famille d’accueil lui a apportées. Quel gamin ne serait pas ravi de manger de ces céréales qu’il voit tout le temps dans les pubs télévisées ? Ou de manger des vrais repas qui remplissent l’estomac ? De se balader avec des vêtements chauds l’hiver, et des chaussures qui ne prennent pas subitement l’eau à chaque fois qu’il pleut ? Tout ça, il a pu les apprécier. Et puis, finalement, la culpabilité a pris le dessus au bout de quelques jours. Sa maman était restée toute seule chez eux, avec les placards vides et des vêtements élimés. Comment aurait-il pu fait pour apprécier tout ça alors que sa mère restait dans la misère ? Une misère certes voulue puisqu’elle n’a jamais rien fait pour en sortir et améliorer sa situation… Casse met précisément le doigt sur la réponse. Malgré leur origine sociale commune, ils n’ont pas le même passé. Elle ne voulait pas partir, il ne voulait pas laisser sa mère toute seule. Peut-on parler du syndrôme de Stockholm lorsqu’il s’agit d’un petit garçon qui n’a jamais connu que sa mère et ce mode de vie ? Rien n’est moins certain. Mais aujourd’hui, qu’est-ce qui le retient ? Il n’est plus ce petit garçon coupable.

Tu voulais pas partir, on m’a forcé à partir. Et je suis revenu. Je suppose que la finalité est la même ?

Bran n’a plus d’espoir pour que sa mère sorte un jour la tête hors de l’eau et reprenne sa vie en main. Elle sera un fardeau sur les épaules de son fils jusqu’à ce que la mort vienne la faucher. Et lorsque ça arrivera, il n’aura toujours pas un sous pour l’enterrer dignement. Il devra sans doute prendre un crédit qu’il paiera jusqu’à la fin de sa vie…
Revenir en haut Aller en bas
Contenu sponsorisé





Grandir sans parents, on connaît ça - Bran Empty
MessageSujet: Re: Grandir sans parents, on connaît ça - Bran   Grandir sans parents, on connaît ça - Bran Empty

Revenir en haut Aller en bas
 
Grandir sans parents, on connaît ça - Bran
Revenir en haut 
Page 1 sur 1
 Sujets similaires
-
» Guerre des clans - Bran
» Lily arrive, on va être parents ! (PV Eddy)

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
Dirty New-York :: Welcome to NYC :: Bronx-
Sauter vers: