Rentrer avec une fille ? Pourquoi, pas... (Sasha)

Je venais de finir de lisser mes cheveux. Mon maquillage était fait à la perfection. Il ne manquait plus que le rouge à lèvres rouge. J’entrouvis légèrement la bouche et appliquais le bâton sur mes lèvres avec une minutie qui défiait toute concurrence. Une fois fait, je me levais et inspectais ma tenue devant mon miroir. Je portais une robe des plus voyantes. Courte, la robe épousait chacune de mes courbes. Mais le meilleur était de dos… La robe était dos nu. Si ma mère me voyait, elle me dirait sûrement que j’étais vulgaire… Il faut dire qu’avec mon maquillage, mes cheveux blonds, mes talons hauts… Je ne passais pas inaperçue. Mais ça, je m’en moquais, je voulais être vue ! Mais pas par n’importe qui, il me fallait un homme riche, puissant qui me donnerait accès à la fameuse Green Card ! Je n’avais pas eu l’habitude de travailler, être la fille à son papa est un boulot à plein temps ! Non, moi je me voyais plutôt être la future Kim Kardashian. Et si pour ça, je devais faire une sextape encore plus scandaleuse que la sienne… J’étais prête à le faire.

Une fois prête, je commandais un Uber pour qu’il m’emmène en boîte. Ici, je n’étais pas aussi riche qu’en Russie. Il faut dire que le nom de mon père était bien connu mais de ce côté-ci de l’Atlantique, je n’étais pas assez connue pour obtenir ce que je voulais. Je me contentais donc du minimum syndical.
Devant la boîte, le videur ne se fit pas prier pour me laisser entrer, non sans m’avoir reluqué au passage. Je gardais en tête son visage, il pouvait me servir afin d’entrer aussi facilement à chacun de mes passages.
Directement, je me rendis au bar où je commandais un gin tonic. J’aimais boire de temps en temps mais je ne me soulais que rarement. Ce n’était pas trop mon truc d’être complètement soûle. Rapidement, je me fis inviter par des hommes. Je repoussais les plus laids pour ne danser qu’avec les plus attirants. Sensuellement, je dansais contre eux, leurs mains sur mes hanches me guidant. Je me laissais aller, cette nuit, je ne devais pas rentrer seule !

Après plusieurs minutes à chauffer ces messieurs – oui, oui, je le sentais bien…- je décidais de retourner m’asseoir quelques minutes au bar. Le barman vint avec une boisson qu’un jeune homme avait commandé pour moi. Un mojito, exactement ce dont j’avais besoin pour me rafraîchir. Je lui fis un sourire aguicheur avant de le boire. Je n’attendais qu’une chose, que le plus entreprenant m’emmène avec lui…

Le garage fermé, je pris la direction de chez moi pour prendre une bonne douche, me changer et commencer mon deuxième taff. Bah ouais, être mécanicienne à son propre compte ça rapporte pas autant qu’on pourrait le croire. Même si je gagnais plutôt bien ma vie, bah avec Adam comme employé, fallait bien que je le paye ! Puis j’me voyais pas lui dire d’aller chercher du boulot ailleurs parce qu’il était cool comme type. En fait, on était plutôt devenus de supers bons potes. Bon, pas des potes à parler pendant 24h sur 24 et à s’envoyer des textos tout le temps, mais quand on décidait de sortir se faire une petite soirée, souffler un coup, tout ça, on s’éclatait plutôt bien. On arrivait ensemble, mais on r’partait chacun d’notre côté parce que beh les chasses étaient bonnes. Parfois il s’amusait à me taquiner sur mon homosexualité genre « tu me piques mon terrain d’chasse ». Ben ouais, j’y pouvais rien si j’préférais les nichons aux queues. Mais le truc qu’avait vite compris Adam, c’était que les meufs hétéros ne répondraient jamais vraiment positivement à mes avances. Ben parce qu’on était pas du même bord. Alors finalement, on se battait jamais. En fait, c’était plutôt un bon pote avec qui j’avais de bon délire. Puis il arrivait qu’on sorte des phrases à la con du style « putain elle a un cul celle-là ! » et du coup on rigolait comme deux chartriers.

Enfin bon c’soir toute façon, j’étais pas là pour draguer – quoi que – mais plutôt pour bosser. Quand j’travaillais, vous pouviez être sûr que je faisais pas n’importe quoi pendant mon service. Bon, p’t’être des échanges de numéro de téléphone, mais voilà, j’quittais pas l’arrière de mon comptoir pour aller me trémousser sur une piste de danse avec une meuf qui avait des beaux nichons. J’arrivais cinq minutes avant le début de mon service. Juste le temps de dire bonjour vite fait aux autres et hop me voilà derrière mon comptoir, au taquet malgré la journée de boulot que j’avais dans les pattes. J’enchaînais les commandes de boisson jusqu’à ce qu’un mec vienne me demander un mojito pour une demoiselle assise un peu plus loin. Je lui indiquais qu’il y avait pas d’problème là-dessus. Des mecs et des femmes qui offraient des boissons à d’autres personnes, c’était monnaie courante. Mais sérieux, c’était cliché au pas possible. Je préparais le dit Mojito et une fois prêt, j’allais le déposer devant la demoiselle.

- Un Mojito, pour la jolie d’moiselle d’la part du type là-bas avec son polo bleu et blanc avec le méga Ralph Lauren cousu d’ssus. T’pourras pas l’louper !

Une fois ma p’tite annonce faite – parce que j’avais pas grand chose d’autre à faire dans ces moments là – je plongeais mes mains dans l’évier et commençais à laver deux trois verres qu’on avait pas pu mettre dans le lave vaisselle. Apparemment, le mec avait une touche puisque la d’moiselle lui offrait un sourire aguicheur.

- Si tu veux mon avis, lançais-je à la cliente, méfie-toi de lui. J’suis pas sûre, mais évite qu’il t’apporte lui même un verre. Tu sauras pas ce qu’il y a vraiment dedans.

Ouais la drogue du violeur… C’était monnaie courante aussi. On était super vigilant en général, mais il y avait toujours des fois où ça dégénérait. Alors si j’pouvais faire un peu de prévention, c’était pas perdu pour tout le monde.

J’étais venue avec l’intention de ne surtout pas repartir seule. Premièrement, je n’aimais pas la solitude, ça ne m’allait absolument pas au teint. Ensuite, j’avais des projets. Ne pas travailler en faisait partie. Comment allais-je gagner mon argent ? La télé, ou plutôt la télé-réalité. J’avais déjà candidaté pour participer à certaines émissions et j’avais eu quelques réponses positives. Une russe au pays de l’Oncle Sam prête à vivre le rêve américain, sans compter que j’avais un caractère bien trempé, j’avais tout pour plaire !
Sur la piste, je dansais, flirtais avec les hommes qui me plaisait. Je devais laisser une marque indélébile dans leur tête, histoire de pouvoir dormir avec l’un d’entre eux… Entre autres.
Finalement, après avoir dansé, je décidais de me reposer un peu les pieds. J’allais donc au bar afin de commander un nouveau gin tonic. Mais avant que je puisse commander mon verre, le barman me servit un mojito venant de la part d’un jeune homme. Je lui lançais un sourire aguicheur, bien contente de ne pas avoir à payer. Je portais le verre à mes lèvres et je bus. C’est alors que le barman me mit en garde. Je le regardais… Avant de me rendre compte que ce n’était un barman mais une barmaid. Oh la gaffe ! Je n’avais pas fait attention, je n’avais pas vu que c’était UNE barmaid. Heureusement que je ne lui avais pas parlé. Mais, je gardais sa mise en garde en tête. Elle n’avait pas tort, à vouloir ramener un mec, je pouvais tomber entre les griffes d’un prédateur.

« Merci du conseil… Tu accepterais de me tenir compagnie ? Je n’ai pas très envie qu’il essaye un truc bizarre… »

Non, je n’avais pas peur, simplement, elle avait peut-être vu qu’elle chose que j’avais raté. Si j’avais pu ne pas me rendre compte qu’elle était une fille… Bon, d’accord, je n’étais pas très observatrice mais j’avais peut-être abusé pour le coup.

« En plus, je ne connais personne ici, s’il m’arrive quelque chose, je n’ai personne qui pourrait m’aider… »

Je lui fis un sourire, histoire de la faire craquer pour qu’elle me tienne compagnie… Et puis, peut-être que j’allais me faire enfin une amie…

Mon boulot de barmaid était complètement différent de mon boulot principal : garagiste. Mais j’aimais bien les deux et j’étais toujours motivée pour effectuer au mieux les deux. Même si mon gagne-pain principal était et restera celui de garagiste. La mécanique c’était ma drogue pure et dure. Je pouvais travailler pendant des heures sans me lasser. Alors que celui de barmaid et bien c’était très usant. Parce que je courrais partout. Alors qu’à ma mécanique, je pouvais prendre le temps que je voulais. C’était un travail méticuleux avec lequel je pouvais prendre mon temps. Bien sûr, ça dépendait aussi de la demande du client, mais je savais de combien de temps j’avais besoin pour remettre un véhicule sur ses roues. Donc mes délais étaient toujours réglos. C’était rare les fois où je devais mettre les bouchées doubles pour finir à temps. Et quand ça arrivait, je n’hésitais pas à venir très tôt le matin voir même sans fermer l’œil de la nuit. Adam disait que j’étais folle parce qu’il fallait dormir. Du coup, il prenait le relais. Il était cool Adam. Puis ce n’était pas à tout le monde que je confierai comme ça ma boîte.

- Te t’nir compagnie à cent pour cent, p’t’être pas, j’travaille ma p’tite dame. Mais j’peux jeter un œil sur chacun des loustiques présents dans le coin, répondis-je à la demoiselle.

Ben ouais, on était peut-être deux derrière ce comptoir, je ne pouvais pas laisser mon collègue se démerder tout seul avec toutes les commandes juste parce qu’une demoiselle plutôt sexy dans son genre voulait que je lui serve de garde du corps attitré. Mais je pouvais rester dans le coin. La p’tite me fit savoir qu’elle était nouvelle dans le coin et ne connaissait personne. Ah bah ça ! Des p’tits nouveaux on en voyait tous les jours… Et malheureusement, certains ne finissaient pas spécialement bien. Bien sûr, tout ça n’était pas forcément mon problème à moi, mais la drogue du violeur ça faisait aussi mauvaise réputation à la boîte et fallait pas non plus que ça ferme. Ce serait con ! Parce qu’il faudrait que je trouve un deuxième taffe et franchement, la flemme de sillonner pour trouver qui avait besoin d’un barman.

- T’inquiète donc pas. Refuse juste les trucs où c’est ni moi, ni Philipp là-bas qui les a préparé. Tu d’vrais t’en sortir. Puis… pour faire des liens, t’as pas l’air d’avoir besoin de beaucoup d’aide non plus.

J’avais bien vu avec quelle facilité elle avait réussi à trouver des partenaires pour danser. Moi j’avais rien contre les nenettes qui savaient prendre des devants, au contraire. Mais si elle devait repartir avec quelqu’un, se serait sans aucun doute avec un des types qui ne donnerait pas suite le lendemain matin. Après tout, c’était bien pour ça qu’ils venaient en boîte pour serrer des meufs. C’était rare qu’ils viennent pour rencontrer quelqu’un de façon sérieuse. Mais bon, c’était comme ça qu’on fonctionnait maintenant.

- Donc, t’es nouvelle, fis-je en préparant une autre commande. Et tu viens d’où comme ça ?

Je ne passais jamais inaperçue. Et c’était normal, je faisais tout pour que l’on me remarque… De mes tenues, à mes coiffures, mon maquillage, ma façon de rire, de parler ou de flirter. Je refusais catégoriquement que les regards ne soient pas tournés vers moi.
J’avais toujours pour projet de suivre les traces de mon idole, Kim Kardashian. Je voulais être une star de télé-réalité, avoir ma propre émission, gagner des milliers de dollars rien qu’en apparaissant dans une soirée… J’en rêvais. Alors oui, ce n’était pas le genre de rêve qu’encourageaient les parents mais c’était le mien et j’étais déterminée à le réaliser.
Mais en attendant d’atteindre cet objectif ultime, je devais réussir à obtenir la fameuse Green Card. Ce petit morceau de plastique qui ferait de moi une citoyenne américaine. Je ne comptais pas travailler, non, je voulais simplement être sûre qu’on ne me renverrait pas en Russie. Oh bien sûr, j’avais des papiers en règle, un visa qui n’expierait pas avant plusieurs années mais je refusais de prendre le risque de me faire expulser.

Je dansais sensuellement, attirant les hommes telle une flamme avec des papillons de nuit. J’en ignorais certains pour danser avec d’autres. J’avais fini par aller m’installer au bar. Une nouvelle tactique pour être vue et je ne fus pas déçue car rapidement, la barmaid déposa un mojito qu’un jeune homme m’avait payé. Souriant, je pris le verre et bus une gorgée. C’est alors que la barmaid me donna un conseil, histoire de ne pas faire de mauvaises rencontres. Je savais que je ne ferais pas assez attention et puis, si je pouvais me la mettre dans la poche… Je lui demandais alors si elle pouvait me tenir compagnie. Bon d’accord, elle n’allait pas arrêter de travailler juste pour mes beaux yeux mais peut-être pouvait elle, de temps à autre bavarder avec moi. Je savais qu’elle pourrait me servir à un moment ou à un autre.

« Toi ou Philip, d’accord. Je prends note, merci du conseil. C’est vrai, tu as raison, j’ai toujours eu beaucoup de facilité à me faire des amis. » lui dis-je un sourire charmant aux lèvres.

Je bus une nouvelle gorgée. Il faut dire que ma boisson était super bonne. J’avais toujours aimé les mojitos et pour le coup, c’était super bon ! Si je m’écoutais, j’en commanderais d’autres et boirais jusqu’à ce que je roule sous le comptoir. Mais je ne voulais pas attirer un poivrot ! Je refusais de me retrouver avec un ivrogne !
Oui, j’attirais les gens, hommes comme femmes. Pourtant, je n’avais pas un caractère facile mais ça, mes futures proies ne le savaient pas toujours. J’en jouais parfois, je ne leur montrais pas à quel point je pouvais être superficielle, égoïste ou encore colérique. Non, ça les gens ne le découvraient que lorsqu’il était trop tard pour faire machine arrière.

« Oui, je suis nouvelle, je viens de St-Pétersbourg, en Russie. Par ailleurs, je m’appelle Nikita. »

La barmaid devait se douter que j’étais étrangère. L’accent russe faisait partie des accents les plus connus et les imités. Il se reconnaissait tellement facilement.

Deux jobs radicalement différents composent ma vie : la mécanique le jour, barmaid la nuit parce qu’on va pas s’mentir, la vie est tellement chère que si je fais pas ce deuxième job, je me noierai sous les dettes et devoir de l’argent à quelqu’un, c’est bien quelque chose que j’veux pas. Je préfère me saigner aux quatre veines plutôt que de devoir chacun de mes centimes à quelqu’un. Et puis j’ai Adam à payer ! Ben ouais, il bosse pas gratos cet idiot ! Mais j’vais pas m’plaindre parce qu’il fait vraiment bien son taff et c’est tout c’que je lui demande même si je le suspecte d’en profiter pour choper quelques numéros de téléphone par-ci, par-là quand les clientes sont un peu mignonnes… Puis j’le comprend : j’ferais pareil ! Ou plutôt, j’fais pareil quand elles sont de mon bord.

La nenette à qui j’viens de servir un verre de mojito appartient à l’autre camp, c’est sûr et certain ! Sinon, pourquoi elle aurait accepté le verre d’un gugus en polo Ralph Lauren et en grosse montre rolex ? Un p’tit richou qui connaît rien à la vie et qui vit sous la coupe de papa et maman blindés de tunes, à tous les coups ! Mais j’sais pas pourquoi je la mets en garde. Peut-être que le mec c’est pas un méchant, p’t’être même qu’il est trop con pour penser à la drogue du violeur, mais dans tous les cas, j’préfère rappeler à la p’tite blonde que tout le monde il est pas gentil ! Elle peut accepter tous les verres qu’elle veut, mais seulement si c’est Philipp ou moi qui lui donnons. Au moins, c’est sûr que là-dedans, hormis de l’alcool et autres composants de cocktail, y’aura rien qui lui porte préjudice. Sauf si son but c’est de terminer bourrer… Mais là, moi j’suis pas sa daronne ! Sauf qu’à jouer mère Theresa, la p’tite blonde me demande de lui t’nir compagnie. Pas que j’veux pas, parce qu’elle est plutôt mignonne à mater, mais parce que j’bosse et que derrière le comptoir on bosse à mille à l’heure. Puis qu’elle soit nouvelle dans le coin ne semble pas vraiment lui poser de problème. J’suis pas aveugle, même si je suis derrière le bar !

— Wep, j’vois ça !

Elle aurait aucun mal à r’partir avec quelqu’un, j’en suis sûre. Elle a déjà pas de mal à trouver quelqu’un sur qui se trémousser. Elle pourrait même partir là déjà, y’en aurait bien un de partant ! Mais non, elle reste assise sur son tabouret à siroter son mojito. J’sers une autre cliente, plutôt mignonne dont les nichons manquent de sortir à tout moment de son débardeur. Elle sourit comme une bienheureuse. J’sais pas ce qui la rend aussi euphorique celle-là, mais elle a l’air de passer une bonne soirée. J’lui sers un Cosmopolitain et je reporte mon attention sur la p’tite nouvelle en lui demandant d’où elle vient. Mais j’m’attendais pas à ce qu’elle vienne d’aussi loin : la Russie. Vache ! Une russe perdue aux Etats-Unis ! Quoi qu’avec son accent, elle peut que l’être en fin de compte.

— Hé bah ! C’est pas la porte à côté !

Je prépare une pression pour un gars tout transpirant avant de continuer :

— J’m’appelle Sasha et j’viens du Colorado. C’est p’t’être pas aussi exotique mais c’est moins chiant qu’ici !

Si j’suis partie de là-bas, c’est pas parce que j’aimais pas. C’est parce qu’honnêtement pour lancer mon business, c’est mieux de taper dans une grande ville plutôt que dans une petite bourgade. Même si Denver en est une aussi, ça n’a rien à voir avec la Grande Pomme !

— T’es v’nue te perdre ici pour quoi ?

On en entend tellement sur les russes ! P’t’être qu’elle est recherchée par le KGB ? P’t’être que c’est une terroriste ? Y’a combien de chinois qui se barre de chez eux parce qu’ils sont recherchés pour acte de barbarie ? Une fois à la télé j’ai vu un reportage d’une toute petite bonne femme minuscule qui a torturé son mari et ses enfants… Sont flippants ces asiat’ ! On dirait pas comme ça avec leurs petites têtes de gentil !

J’avais pleinement conscience de mon charme. Je me savais belle et plus qu’attirante. Durant toute mon adolescence, j’avais entendu de la part de la gente masculine tout un tas de compliments. Certains très gentils, d’autres plus déplacés. Mais dans tous les cas, je savais que je n’étais une jeune femme passe-partout, banale qu’on ne remarquait pas.
La preuve, je ne pouvais pas danser seule sans qu’un homme ne vienne m’accompagner. Toute cette attention, je la voulais. Je la provoquais pour que tous les regards soient tournés vers moi. Mon idole était Kim Kardashian mais j’avais bien l’intention d’être encore meilleure qu’elle. Je travaillais mon image. Là où Kim K n’avait pas réussi, je le ferais. Par exemple, Kim Kardashian n’était pas une danseuse. Certes, elle était très plantureuse mais jamais vous ne la trouverez en train de danser. Et bien moi, je n’allais pas me gêner pour !
Je jouais de mon physique, ce qui n’avait rien de nouveau. Ca ne m’avait jamais dérangé étant donné que j’y avais un avantage. Par exemple, je savais que grâce à mon physique je gagnerais ma carte verte mais pour le moment, je n’aurais pas de verre à payer. A peine installée au bar, qu’un verre de mojito avait fait son apparition. Payé par un très beau garçon qui avait tout du fils à papa. Je ne jugeais pas, j’étais moi-même une fille à papa. J’acceptais donc le verre, un petit sourire en coin tout en discutant avec la barmaid. A première vue, je pouvais dire rapidement qu’elle était du genre garçon manqué. Mais elle avait l’air plutôt sympa alors j’entamais la discussion, lui expliquant que j’étais russe. Oui, ce n’était pas la porte à côté mais j’avais un but bien précis pour cela, je me devais de venir dans la Grande Pomme comme on disait.

« C’est sûr qu’il y a plus proche, mais j’ai toujours eu envie de venir vivre à New-York, c’était un rêve ! »

Je ne pouvais pas lui dire que mon but était en réalité d’être la prochaine Kim Kardashian, de trouver le bon pigeon. Alors, je préférais lui faire croire que j’accomplissais un rêve : vivre à New-York. C’était beaucoup plus simple à justifier. Sasha, la barmaid, m’expliqua venir du Colorado et d’après ses dires, c’était moins chiant qu’à New-York. Avec un petit rire, je lui répondis :

« Pas pour moi, St-Pétersbourg a l’air si fade à côté de New-York… Rien que les rues sont incroyables. »

Et je le pensais sincèrement ! Les rues étaient plus grandes, plus lumineuses… Alors oui, St-Pétersbourg est une très belle ville mais ce n’était rien comparé à New-York ! Sasha me demanda alors pourquoi j’étais venue me perdre à New-York. J’avais déjà un mensonge tout préparé, au cas où on me poserait la question ! Et j’étais une excellente menteuse !

« C’est un rêve d’enfant. Je voulais venir y vivre et puis, j’avais envie de pouvoir avoir une vie, loin de mes parents. Je voulais une liberté totale. Et puis quand tu grandis avec l’idée du rêve américain et des magasins de Manhattan… Ca donne envie ! »

Je terminais mon petit mensonge en sirotant mon verre. Le jeune homme qui me l’avait offert semblait attendre un geste de ma part mais malheureusement pour lui, je ne fis rien pour l’amener à venir vers moi. La discussion avec Sasha était plutôt intéressante et puis, je me disais que quitte à rentrer avec quelqu’un… Pourquoi pas elle ? Après tout, grâce à elle, je pourrais rencontrer du monde et pourquoi pas avoir quelques avantages dans la boîte de nuit dans laquelle nous étions.

« Et toi ? Qu’est qui t’as amené ici ? »

J’enchaîne les commandes tout en papotant avec la p’tite blonde. Parfois, je prends le temps de la regarder et je me dis qu’elle est plutôt pas mal comme meuf. Mais j’me fais pas de film, cette nana est clairement dans le camp opposé alors j’essaie même pas de la draguer ou de tenter ma chance. Pourtant, j’sais pas pourquoi, mais elle me tente plutôt bien, alors j’me prend au jeu de la parlotte et j’avoue que je siffle presque d’admiration quand elle me dit qu’elle vient de Russie. C’est vrai qu’elle a un p’tit accent qui rend son anglais plutôt sexy. C’est pas vraiment facile à entendre non plus avec toute cette musique. J’me demande comment ça se fait que j’suis pas encore devenue sourde avec tous ces boum boum qui rythme ma vie nocturne. Moi j’viens du Colorado, ça n’a absolument rien d’exotique, mais bon, c’est sympa aussi comme coin. Moins bordélique que New York en tout cas, mais bon. Pour percer dans le milieu du travail, y’a rien de mieux que la Grosse Pomme. Ou Los Angeles, ou Miami… Là où y’a toutes ces pin-up aux gros culs et gros nichons ! Ces meufs là qu’on voit à la télé, elles me font pas envie. Je crois même qu’il faudrait que je me force pour en baiser une…

— Hé bah j’espère que t’es pas trop déçue de ton rêve, je lance en sortant une bouteille de vodka pour préparer un cocktail. Mais tu verras, tu finiras par t’en lasser. C’est nouveau pour toi, alors c’est normal que tu vives avec des paillettes dans les yeux.

Une fois qu’on est plus impressionné, qu’est-ce qu’on peut dire de New York ? C’est une ville gigantesque avec des bâtiments à gogo, et des méga écrans géants où y’a des pubs qui passent toutes la journée : le nouvel iphone, le nouveau film de j’sais pas trop quel cul béni qui va sortir dans un mois au cinoche, le nouveau casque beat qui promet un son comme jamais… bref, que de la poudre aux yeux ! Mais c’est que mon avis de blasée de mécano qui est là juste pour se faire une clientèle et de la tune. Après avoir servie une énième tournée, je lui demande ce qu’elle est venue faire ici. Si elle est partie de son pays d’origine c’est que y’a une raison. On se barre pas à l’autre bout du monde – même si techniquement c’est le continent d’à côté – sans but bien précis ! Je sourie ironiquement à sa réponse. Encore une qui a la folie du rêve américain. Mais bon, j’suis qui pour lui briser ses rêves ?

— T’as raison, si tu penses que tu vis ta meilleure vie, vis là à fond !

Il semblerait que j’ai un p’tit moment de répit, alors je m’accoude au comptoir à hauteur de Nikita alors qu’elle me demande en retour ce que je viens faire là moi aussi.

— J’suis mécano, en fait, je révèle comme si c’était un secret d’état. Comme toi, j’voulais réaliser un rêve, et puis, c’était pas possible chez moi. Alors j’suis venue me perdre ici. Mais pour l'instant, je me fais pas assez de sous, et je paye une tête de gland donc faut bien que j'arrondisse mes fins de moi en faisant ce boulot de barmaid.

Je remarque qu’elle a terminé son verre, alors aussitôt, je lui en prépare un autre. Je sors un petit verre de shot que je remplis. Il est pour moi celui-là. Je lui pose son nouveau verre devant elle.

— T’inquiète c’est la maison qui offre. Je lève mon verre de shot et j’ajoute : Aux rêves de réussite, ma belle.

Je trinque avec elle et j’avale le contenu de mon verre d’une traite.

Est-ce que je rêvais de vivre… comment ils disent les Américains ? Ah oui, « The American Dream ». Oui je venais pour vivre le rêve américain, le vrai. Et je devais peut-être légèrement naïve de penser que j’avais mes chances de percer. J’en avais conscience mais si je ne croyais pas en moi, personne ne le ferait. J’étais persuadée qu’un jour, j’atteindrais les objectifs que je m’étais fixés. Alors oui, je n’avais pas de projet aussi ambitieux qu’être le prochain prix Nobel de la paix, mais j’avais des objectifs… Oui, ils étaient bien plus égoïstes, je pensais à moi avant tout. Pas de ma faute si le monde voulait se donner bonne conscience en se faisant passer pour des personnes altruistes, faisant toujours passer les autres avant leur bien-être. Moi, j’étais honnête, JE passais avant tout le reste ! Mes parents avaient toujours cédé aux moindres de mes caprices, j’avais toujours obtenu tout ce que je voulais, et ceux à n’importe quel prix. Aujourd’hui encore, mes parents me donnaient tout ce que j’exigeais. J’étais venue à New-York grâce à l’argent de papa. C’était lui qui payait mon loyer et tout ce qu’il me fallait pour vivre. Il était tout simplement hors de question que je travaille pour tout ça.
J’écoutais Sasha me dire que je finirais par me lasser de cette ville incroyable qu’était New-York. Je n’y croyais pas trop, je la sentais très cynique. Même si elle parlait sûrement en connaissance de cause, je ne me fiais pas trop à son jugement. Sûrement mon côté méfiant qui refaisait surface. Je ne pipais mot et continuait de siroter mon verre, un peu petit sourire satisfait aux lèvres. Oui, car Sasha venait de m’encourager à vivre ma vie à fond. Je me savais sur la bonne voie, j’avais toujours été du genre à faire que ce qui me plaisait. Personne ne pouvait m’empêcher de faire ce que je voulais. Et puis, je ne me voyais pas vivre sans réaliser mes rêves. Ce serait une vie tellement nulle…
Je demandais à Sasha ce qu’elle faisait de sa vie. Elle m’expliqua alors, d’un air très secret, qu’elle était mécanicienne et que pour pouvoir réaliser son rêve, il lui fallait bosser comme barmaid. Je pris un air tout aussi secret, un sourire en coin avant de lui répondre :

« Tu as un employé ? Waouh, c’est déjà bien ! Moi, je n’ai même pas d’emploi, je suis juste une fille à papa qui profite de sa fortune… »

Je n’avais aucune honte de reconnaître que je ne voulais pas travailler et que je voulais profiter de la richesse de mon père. Pourquoi nier l’évidence ? Et puis, je savais que ça serait mon tremplin. Je voulais faire de la télé-réalité, donc il me fallait une histoire, un personnage à présenter au monde. Donc, autant l’assumer.
Sasha, voyant mon verre vide, me le remplit en me précisant que c’était la maison qui payait. Un sourire rayonnant se dessina sur mon visage. Je le pris et le levai :

« Aux rêves à réaliser ! » lançais-je avant de boire une gorgée de mon verre.

Je me léchais les lèvres puis observais autour de moi. Les mecs étaient vraiment pas mal mais, aucun ne retenait suffisamment mon attention pour que je finisse la nuit avec lui. Par contre, la jolie barmaid qui me faisait face… elle était aussi mignonne qu’intéressante. Ce n’était pas tous les jours que j’avais une conversation en boîte !

Dans mon entourage, j’avais ma petite réputation. Je savais que j’étais vue comme la fille à papa, celle qui dépensait toute sa fortune sans jamais se soucier de rien. J’étais capricieuse, têtue et égoïste… et vous savez quoi ? Je n’en avais absolument rien à faire ! Je m’assumais et m’aimais tellement que toutes les remarques que je pouvais recevoir glisser sur moi. Ça ne m’atteignait pas. Quand j’avais décidé de quitter ma Russie natale, j’avais un plan : devenir célèbre. Je n’avais pas de talent particulier en dehors d’être belle. Certains diront que j’étais superficielle et sur une autre planète. Mais encore une fois, je m’en foutais. Tout ce que je voulais, je l’obtenais, d’une manière ou d’une autre. Et maintenant que j’avais mis un pied sur le sol new-yorkais, j’avais une première étape à franchir : obtenir la précieuse Green Card. Il me fallait, pour cela, trouver un pigeon qui accepterait de me passer la bague au doigt. Si possible un pigeon riche qui pourrait me payer tout ce que je voulais. Alors, comme un chasseur de têtes, j’écumais les bars, les restaurants et les boîtes de nuit à la recherche du candidat idéal. Mais je faisais, pour le moment chou blanc. Je pris donc une pause dans mes recherches et discutais avec la barmaid qui me faisait face. Et je fus agréablement surprise car la discussion était réellement intéressante.

« Je dois avouer que je n’ai jamais travaillé de ma vie et je ne compte pas commencer de sitôt ! »

Je devais avoir l’air prétentieuse mais je préférais être honnête et que les gens sachent à quoi s’attendre avec moi, plutôt que de faire semblant. Je n’étais pas une hypocrite… sauf si j’y avais un avantage, bien sûr. D’ailleurs, tout le monde avait un fond d’hypocrisie. On mentait à son patron pour obtenir un meilleur poste, à sa mère pour allonger son couvre-feu… on faisait semblant d’aimer le cadeau horrible de la tante Ginette parce qu’elle accompagnait son pull moche avec une enveloppe bien remplie ou pour être couché sur son testament. Simplement moi, j’avais moins de scrupules à le reconnaître.

Avec Sasha, nous trinquions aux rêves à réaliser et de réussite. J’y croyais à mon rêve, je savais que j’obtiendrais ce que j’avais exigé ! Et je n’avais pas l’intention de laisser des gens sans imagination ou trop peureux pour se lancer me faire douter !
J’avais eu le temps d’observer les hommes présents dans la boîte mais aucune n’avait su capter mon attention. Je repérais la richesse rapidement et aucun d’entre eux n’avait le statut que je voulais. Et même si je laissais de côté l’argent, aucun ne me méritait. Mon attention se reporta sur la barmaid qui avait eu la gentillesse de me tenir compagnie. Je n’étais pas lesbienne mais je pouvais voir que c’était une très belle femme. Son look masculin rajoutait un petit quelque chose à son charme. Et puis, elle avait un très beau regard et des lèvres magnifiques ! Ma sexualité était… disons fluctuante. Elle allait là où ça m’arrangeait. Il m’était arrivée de flirter avec des femmes et parfois plus. Mais je n’avais eu de véritable relation avec elles, comme avec les hommes. À vrai dire, je ne m’étais jamais vraiment posée de questions là-dessus. J’aimais la beauté, les belles personnes, indépendamment de leur sexe. Et si je jetais mon dévolu sur une personne, c’est que je savais que je pouvais y gagner quelque chose, immédiatement ou non.

Et soudain, je pris conscience de l’avantage que j’aurais à me mettre Sasha dans la poche. Des verres à l’œil, quelqu’un qui veillerait sur moi… et puis le mariage homosexuel étant légalisé, elle pourrait être ma carte vers la nationalité américaine. En plus… elle était bien plus attirante que tous les mecs que j’avais croisé… l’idée germa dans mon esprit. Ma proie était en face de moi… je voulais la barmaid.

« Je pensais y faire une rencontre intéressante… et je suis tombée sur toi… »

Je lui offris un sourire ravageur avant de porter mon verre à mes lèvres. Je laissais ma bouche s’attarder sur le rebord avant d’en boire le contenu d’un trait. Je me passais à nouveau la langue sur mes lèvres mais ce fut bien plus sensuel que la première fois. Je remarquais le regard de Sasha, qui suivit le parcours de ma langue. Ce petit jeu me titillait, m’excitait. J’aimais être le centre d’attention. L’objet des désirs. Et puis, je n’avais pas mis cette robe découvrant la chute de mes reins juste pour le plaisir. Elle devait m’aider à ferrer un poisson !!

Sasha n’était pas du tout le genre que j’avais cru ramener dans mes filets. Mais le résultat final resterait le même : j’aurais la nationalité américaine. Alors qu’elle ait une bite ou un penis ne changeait rien à mes plans. Disons que je devrais de temps en temps me taper un mec. Elle n’avait pas besoin de le savoir, bien évidemment. Je ne savais pas de quel bord était la jeune femme mais mon esprit devait bourré de préjugés car à sa coiffure, sa façon de parler et de se comporter, je la mis dans la catégorie des lesbiennes sans hésiter. Mais je pouvais aussi me tromper, allez savoir. J’avais cependant remarqué le regard qu’elle avait eu en voyant la pointe de ma langue. Je ne pouvais pas m’y tromper : tous les hommes lançaient ce regard face à une femme qui les attiraient. Et j’étais sûre de mon pouvoir de séduction. Il fonctionnait autant sur les hommes que sur les femmes. Rapidement, je lui avais fait comprendre qu’elle ne m’était pas indifférente. Faut dire qu’elle était plutôt jolie avec ses yeux bleus perçants et ses lèvres charnues. Je me demandais alors quel effet ça me ferait de l’embrasser. De sentir ses lèvres sur les miennes, de la sentir se presser contre mon corps. Aurais-je des frissons ? Ces simples interrogations éveillèrent en moi une vague de chaleur. Si elle m’en laissait l’occasion, oui j’aurais aimé essayer de goûter cet écrin charnel.

« Tu peux… même si je dois avouer que tu as de quoi attirer mon regard… »

Je m’attardais sur ses lèvres avec un air sensuel sur le visage. Je me plongeais à nouveau dans son regard, captivée par son intensité. À ce moment, je sentis comme une attraction magnétique, une aura qui, bien que je n’arrive pas à la cerner, m’intriguait profondément. Mon cœur se mit à battre un peu plus fort contre ma poitrine. Ce n’était pas juste un jeu de séduction banal pour parvenir à mes fins, il y avait une véritable curiosité, un désir de découvrir jusqu’où tout cela pouvait me mener. Et j’étais ouverte aux nouvelles expériences… je me rapprochais alors, me penchant pour lui laisser tout le loisir de se rincer l’œil dans mon décolleté :

« Tu sais, je me demandais… »

Je fis une pause, cherchant ses yeux avec les miens, cherchant à créer une connexion plus profonde.

« Comment serait-ce… de partager un moment, juste toi et moi, sans penser à tout le reste ? »

Je laissais planer le mystère avec ma question ouverte. Je voulais savoir si elle ressentait ce même frisson qui m’envahissait, si comme moi, ses cuisses tremblaient d’anticipation, même si ce ne serait que passager. Peut-être que c’était imprudent mais je n’avais jamais été celle qui joue la carte de sécurité. Sinon, je ne serais pas là à allumer une femme inconnue dans une boîte de nuit. Je ne savais pas si Sasha répondrait à mon invitation, mais j’étais prête à prendre le risque. Après tout, la vie était faite de ces moments volés, où l’on s’abandonne à l’inconnu. Et puis cet sensation de risque, de séduction durcirait les pointes de mes seins. Si Sasha refusait mes avances, j’irais me trouver un pauvre bougre qui m’empalerait dans les toilettes et je disparaîtrais dans les zones d’ombres de la boîte de nuit. Je me relevais, sachant pertinemment que ma robe révélerait ma poitrine devenue plus dure. Heureusement que je ne portais aucun sous-vêtements.
consciente que chaque mouvement que je faisais était scruté par Sasha. Je sentais que la tension entre nous s’épaississait, devenant presque tangible.

« Tu sais où se trouve les toilettes ? »

Je savais où elles se trouvaient, je voulais simplement qu’elle m’accompagne. Et une fois à l’abri des regards, je voulais découvrir si une femme pouvait me procurer autant de plaisir qu’un homme si c’était le cas, Sasha serait à moi, je m’en faisais le serment !

Je n’avais jamais été attirée par les femmes. Oui, je pouvais dire qu’une femme était belle ou sexy, mais jamais, je n’avais ressenti d’attirance sexuelle avant cette nuit. Je n’arrivais pas à expliquer pourquoi Sasha avait réussi à capter mon attention… Enfin si, je savais. Ses yeux bleus intenses y étaient pour quelque chose. Mais le plus attirant, c’était ses lèvres pulpeuses. J’avais pensé rentrer à la maison avec un homme au portefeuille bien rempli. J’avais un plan en entrant au Night Shine. Mais à présent, le plan avait prit une nouvelle direction. Mon plan était d’amener Sasha dans mes bras. Je n’avais jamais couché avec une femme mais ça ne devait pas être plus difficile qu’avec un homme. Et puis, étant moi-même une femme, je me disais que je devrais mieux m’y prendre qu’un homme.

Ce petit jeu de séduction se révéla aussi excitant que si je chauffais un mec. Je voyais bien dans les yeux de la barmaid qu’elle n’était pas insensible à mes charmes. La nature m’avait bien gâtée, une poitrine généreuse, des hanches et un cul bien rebondi. Je n’étais clairement pas un sac d’os et je savais jouer avec ce corps que Mère Nature m’avait donné. Je savais le mettre en valeur et l’utiliser pour attirer les hommes. Et je découvrais que séduire une femme, n’avait rien de différent de ce que je faisais avec l’autre sexe. Une partie de moi était curieuse de savoir ce que je ressentirais en embrassant une femme. En touchant chaque courbe de son corps. Je voulais explorer ce sentiment nouveau.

« Je suis plus que tentée… Je suis mouillée… » lui dis-je de manière à ce qu’elle soit la seule à l’entendre, malgré la musique ambiante.

Je ne lui mentais pas. Ce jeu me rendait humide, ma fente semblait plus chaude qu’un brasier ardent. J’étais prête à découvrir les affres de plaisir avec une femme. Je n’arrêtais pas d’allumer Sasha. Je ne voulais pas qu’elle se trompe sur mes intentions. J’avais bien l’intention d’aller jusqu’au bout avec elle. Elle était à compter de cette nuit, ma proie. Et je ne comptais pas la laisser m’échapper de si tôt ! Et histoire qu’elle comprenne mon petit manège, je lui demandais si elle savait où se trouvait les toilettes. Bien sûr qu’elle savait, elle bossait ici. Mais c’était une façon de lui dire : « amène-moi aux toilettes que l’on puisse s’amuser toutes les deux ! ». Sans attendre, après m’avoir répondit d’un simple signe de tête, la jolie brune dit d’un ton qui ne souffrait aucun refus qu’elle prenait sa pause. Puis, elle passa de l’autre côté du bar. Attrapant ma main, elle m’entraîna à sa suite. Je me retrouvais à slalomer parmi les clients. La main chaude de Sasha m’électrisait. Si ce seul contact m’excitait autant, je n’osais imaginer ce que serait le sexe. Je pensais qu’elle m’emmènerait aux toilettes, mais on traversa une porte réservée au personnel. C’était encore mieux ! Un petit sourire se dessina sur mes lèvres, nous ne risquions pas d’être dérangées.

Soudain, la musique assourdissante se retrouva comme réduite. Dans le couloir, une faible lumière nous éclairait mais je ne manquais pas le regard affamé de Sasha. Je me retrouvais acculée contre le mur, Sasha attrapa mon visage et le moment venu arriva. Ses lèvres étaient sur les miennes. Le brasier qui brûlait en moi, explosa avec force. Ma fente était plus humide encore. Je lui rendis son baiser jusqu’à ce qu’elle l’interrompe pour me demander si j’étais sûre de moi. Je me mordis la lèvre inférieure avant de passer ma langue sur ma lèvre du haut, me rappelant la douceur de ses lèvres. J’aurais pu tout arrêter pour aller chercher un homme… Mais, je ne pouvais pas reculer. Non. Je ne voulais pas reculer. J’avais déjà flirter avec des femmes. Je les avais embrassé mais jamais elles n’avaient réussi à me procurer les sensations que je ressentais à ce moment. Si j’oubliais un instant mon objectif premier, je ne pouvais nier l’attraction qu’il y avait entre la jolie barmaid et moi. Et j’étais curieuse, je voulais voir ce que cachaient ses vêtements. Contrairement à moi, elle n’était pas à moitié nue. Ma robe dévoilait mon corps, il ne fallait pas beaucoup d’imagination pour voir ce que la robe cachait encore.
Je levais ma main droite et pris celle de Sasha. Je l’abaissais et l’amener entre mes cuisses chaudes. Ne portant pas de culotte, elle eut un accès direct à ma fente humide, chaude, prête à recevoir ses doigts.

« Je n’ai jamais été aussi sûre de ma vie. » lui dis-je dans un souffle avant de réduire la distance qui s’était installée entre nos lèvres.

Je l’embrassais avec ardeur et passion. Ce baiser était enfiévré. Je me prenais presque à mon propre piège. Je ne pensais pas ressentir autant d’excitation, autant de désir pour elle. Mais à présent, je la voulais plus que n’importe quel homme sur cette Terre. Je remuais les cuisses pour sentir un peu plus ses doigts glisser contre mon intimité. Je gémis doucement contre ses lèvres. Ma langue rencontra la sienne et une nouvelle vague de désir m’envahit. Mes mains glissèrent sous son haut et ne s’arrêtèrent qu’une fois sur sa poitrine. Mes doigts caressèrent la peau fine de ses seins. Aucune barrière, pas de soutien-gorge. J’en aurais souris si ma bouche n’était pas occupée avec celle de Sasha. Tandis qu’une de mes mains empaumait son sein, l’autre jouait avec son mamelon dur. Je lui faisais ce que je voulais ressentir. J’aimais que l’on joue avec ma poitrine, sentir mes tétons durcir sous la caresse d’un doigt. A défaut d’avoir de l’expérience, je lui donnais le plaisir que j’étais habituée à recevoir et qui me faisaient gémir.

Mon objectif en entrant dans le Night Shine avait été de trouver un homme avec un physique qui m’attirerait autant que son compte bancaire. J’avais même imaginé à quoi ce bel homme pouvait ressembler mais à mon grand regret, je n’avais croisé que des mecs déjà bien éméchés, portant des vêtements de si mauvaise qualité que je n’avais pas besoin de plus pour deviner qu’ils n’avaient rien à m’offrir. J’avais alors jeté mon dévolu sur Sasha, la jolie barmaid. J’avais déjà joué de mes charmes auprès des femmes pour obtenir ce que je voulais. Mais jamais je n’étais allée jusqu’au bout de mes avances. Je trouvais toujours le moyen de fuir le moment crucial mais face à Sasha, quelque chose me retenait. Il y avait dans son regard quelque chose qui captivait mon attention et me donnait envie de la suivre partout où elle voudrait m’emmener… Et tout de suite, ce fut dans les pièces réservées au personnel.

Plaquée contre le mur, Sasha captura mes lèvres avant de me demander si j’étais sûre de moi. Sans hésitation, je saisissais sa main pour la glisser entre mes cuisses chaudes où mon miel pouvait couler sans la contrainte d’un sous-vêtement. Je savais qu’en venant ici, je ne repartirais pas sans avoir eu une relation sexuelle, je m’étais préparée en conséquence. Simplement, je n’avais pas pensé que ce serait avec une femme. Nos bouches s’unirent à nouveau tandis que mes doigts titillaient, agaçaient les tétons de la barmaid, ses doigts à elle pénétraient ma fente humide. Je gémissais contre ses lèvres, me laissant totalement aller à ses douces caresses.
C’était bien la première fois que je ressentais une excitation aussi grande pour une femme. Le jeu de séduction m’avait toujours excitée, que la personne en face soit un homme ou une femme. Mais d’habitude, les hommes avaient mon entière attention. Mais cette nuit, je découvrais qu’une femme pouvait me faire mouiller autant qu’un homme… les doigts de Sasha dans mon intimité en était la preuve. Ils ne rencontraient aucun résistance et se glissaient avec facilement dans mon antre moite et chaude. Je sentis mon bassin bouger au rythme des mouvements de sa main jusqu’à ce qu’elle retire ses doigts, me laissante pantelante et vide. D’un murmure, elle m’invita à la suivre.

Je la vis s’arrêter devant une porte, l’ouvrir à l’aide de son pass avant d’entrer en m’entraînant avec elle. Je constatais que nous étions dans une loge… moi qui pensais que j’allais m’envoyer en l’air dans des toilettes sordides… il y avait finalement bien plus d’avantages à draguer le personnel plutôt que les clients !
Sans perdre de temps, Sasha reprit là nous nous étions arrêtées. Ses lèvres sur les miennes embrasèrent le feu qui brûlait déjà au creux de mon bas ventre. Je sentis ses mains dans mon dos et rapidement, la fermeture de ma robe s’ouvrit, je la sentis glisser le long de ma peau. En moins de temps qu’il n’en fallait, j’étais nue, à l’exception de mes chaussures à talons. C’était peut être un fantasme pour Sasha… que ça soit le cas ou non, j’espérais que la vue lui plaisait ! J’eus ma réponse quand sa bouche attrapa l’un de mes tétons, laissant sa langue parcourir ma peau. Mon dos se cambra comme pour aller à sa rencontre.

Je n’avais pas d’expérience avec les femmes mais j’aimais à penser que ce n’était pas si différent qu’une relation hétérosexuelle… enfin, le penis en moins. Et puis, je n’étais pas inculte. Il m’arrivait de m’adonner à des plaisirs solitaires et je n’étais plus vierge depuis bien longtemps. Je savais ce que j’aimais ou non. Il me suffisait de découvrir ce que Sasha aimait… je la laissais goûter à ma peau avant de glisser mes mains sous le haut que portait la barmaid. Je laissais mes doigts caresser délicatement sa peau, un frisson d’anticipation parcouru mon corps et contracta mon bas ventre… j’avais hâte de pouvoir moi aussi goûter sa peau…

Même si mes expériences sexuelles avec les femmes s’arrêtaient au flirt et au badinage, avec Sasha, je veux aller plus loin. Je pourrais trouver une excuse pour faire marche arrière, retourner dans la boite de nuit afin de trouver un homme qui satisferait mes pulsions sexuelles. Mais je n’ai pas envie de me défiler. Ce qui se passe entre nous est fort, je veux découvrir jusqu’où je suis prête à aller. Je veux goûter au plaisir que la jolie barmaid est prête à m’offrir. Alors, je ne fuis pas et lui fais bien comprendre que je la suivrais jusqu’au bout. Et la meilleure manière de lui faire comprendre mon message, c’est en prenant sa main pour la glisser entre mes cuisses. Ses doigts s’enfoncent au creux de mon intimité. Ils glissent avec facilité, je mouille depuis que j’ai commencé à imaginer ce que nous pourrions faire ensemble si nous étions seules. Quand nos bouches s’écrasent l’une contre l’autre, ma main remonte le long du corps de Sasha et s’arrête sur son sein. J’agace l’une de ses pointes. Alors que je me demande si Sasha et moi allons coucher ici, prenant le risque de nous faire attraper par n’importe quel membre du personnel, la barmaid s’arrêtent. Elle attrape ma main et m’emmène un peu plus loin. Nous nous retrouvons dans une loge vide.

Je me retrouve très rapidement nue, à l’exception de mes chaussures à talons. Sasha s’active sur ma poitrine. Sa langue vient caresser l’un de mes mamelons. Je me cambre pour aller à nouveau à sa rencontre, lui offrant volontiers ma poitrine et tout le reste de mon corps. Je ne pensais pas pouvoir ressentir un tel déferlement de plaisir aux côtés d’une femme. Je découvrais avec plaisir que c’était pourtant bel et bien le cas. Puis Sasha me fait reculer jusqu’à une coiffeuse. Je m’y installe avant qu’elle ne capture mes lèvres. Sa langue vient à la rencontre de la mienne. Mes mains parcourent son corps. Je sens sa peau, sa chaleur qui excitent mon désir. Je la veux bien plus que je ne le croyais.
Ses lèvres quittent les miennes et descendent le long de mon corps. Sasha laisse des baisers enflammés sur ma peau. C’est une douce torture, j’en tremble presque tant je suis pantelante de désir. Lorsqu’elle atteint le point central de mon désir, elle s’arrête, comme si elle attendait mon feu vert. J’écarte alors un peu plus mes cuisses, lui offrant une vue magnifique sur ma fente humide qui n’attend qu’elle. Alors je vois la jolie brune baissait la tête, entre mes cuisses. Je sens ses doigts dévoiler un peu plus mon intimité. Mon clitoris est à découvert. Je sens le souffle de Sasha sur ma chair brûlante. L’air semble presque glaciale comparé à la chaleur qui émane de mon corps. Je retiens mon souffle, anticipant le plaisir que je vais ressentir. Et c’est bon, je sens ses lèvres, sa langue au creux de ma féminité. Je relâche un souffle et je me laisse aller à cette nouvelle sensation d’extase. Inconsciemment, l’une de mes mains se glisse dans ses cheveux. Mon bassin ondule contre sa bouche, réclamant plus, toujours plus.