Gala de charité en perspective (PV Jessica)

La discussion avec Micah était si légère et naturelle, que j’en oubliais presque le lieu où nous trouvions. Je profitais seulement de cet instant où je pouvais discuter sans me poser trop de questions. Si nous n’étions pas à ce gala, j’en aurais presque laissé les étiquettes sociales de côté pour être moi-même. Mais le lieu ne s’y prêtait pas. La discussion avait commencé sur nos origines pour aller sur des plaisanteries sur la météo de New-York. Et à présent, je lui expliquais que, selon moi, la Grande Pomme avait son charme. J’aimais sa vie nocturne, ses lumières qui étincelaient de mille feux dans l’obscurité, son animation constante qui donnait l’impression que jamais la ville ne dormait. Los Angeles était la ville natale, j’y étais attachée par nostalgie. Mais New-York avait une saveur différente, elle exerçait un attrait tout autre. Ici, j’avais la possibilité d’être plus libre, de vivre ma vie selon mes envies… encore fallait-il que je me libère de l’emprise que mes parents avaient sur moi. Même avec de la distance, l’éducation que j’avais reçu continuait de m’impacter…

« Je note, merci pour vos précieux conseils. Je vais en avoir besoin, ça sera mon premier hiver durant lequel je ne suis pas en vacances. D’habitude, je suis à la montagne alors que maintenant… ça sera mon quotidien. J’ai hâte de le découvrir ! » dis-je avec enthousiasme.

Grâce à Micah je savais une chose : éviter les chaussures à talons durant l’hiver. Je refusais de me retrouvais sur mon derrière à cause d’un sol glissant. Bien sûr, j’allais devoir faire les magasins afin d’avoir des chaussures plus adaptée. Mais c’était loin d’être une corvée. Je devais être un stéréotype mais j’adorais faire les magasins, me balader dans les rayons. Ce que j’aimais moins était la présence de conseillères qui s’évertuaient à vouloir me venir en aide. J’avais conscience que c’était leur métier, conseiller la clientèle était une partie importante de leur rôle. Mais je ne pouvais m’empêcher d’être agacée quand elles venaient me demander si j’avais besoin d’aide ou qu’elles insistent quand je refusais poliment. Bien sûr, l’étiquette voulait que je reste courtoise et douce en tout instant. Donc mon refus sonnait comme de l’hésitation ou de la timidité. Et je finissais par avoir une femme qui me conseillait sur les couleurs qui m’allaient le mieux, sur les coupes et les matières qui me mettraient en valeur… évidemment, les vêtements choisis étaient du même style que ce que j’avais déjà : sage, classique et très conventionnel. Et je me sentais toujours aussi étriquée et mal à l’aise dedans. Cependant, je me pliais aux règles et à ce que l’on attendait de moi…
Quand Micah m’expliqua venir de la Nouvelle-Orléans, je ne pus cacher ma curiosité ! Il faut dire que cette ville avait une histoire riche, fascinante et mystérieuse. La Nouvelle-Orléans, avec son mélange unique de cultures, d’architecture, de musique et de gastronomie, semblait être un monde à part. J’avais entendu parler du Quartier Français, de ses rues pavées et de ses balcons en fer forgé, où la musique jazz flotte dans l’air comme une douce mélodie omniprésente. Je me laissais emporter par ma propre imagination, visualisant les fameux défilés de Mardi Gras, les costumes colorés, les masques et les festivités qui donnaient à la ville une atmosphère de fête perpétuelle.

« J’en serais ravie, répondis- je le sourire aux lèvres. Si vous avez de bonnes adresses où je pourrais essayer les fameux plats cajuns et créoles, je serais aux anges ! »

J’eus un petit pincement au cœur. Il était si léger que je ne l’aurais pas aperçu. J’aurais aimé passer ce moment incroyable avec une personne qui me serait chère, qui goûterait ces plats avec moi. En fait, j’aurais aimé passer ce moment avec Edward. Nous aurions pu nous balader dans les rues animées, main dans la main, souriant devant le spectacle qui se déroulerait sous nos yeux. Mais je ne savais pas si un jour, cette vision se réaliserait. Je vivrais peut-être cette aventure seule… ou seulement en rêve. Jamais je n’oserais prendre la main d’Edward, pas avec la relation que nous partagions. Bien sûr, nous avions décidé d’être amis pour commencer. Mais je ne pensais pas qu’un jour nous serions amoureux. Je m’étais résignée à cette idée.

Plutôt que de me perdre dans de sombres pensées, je me concentrais sur le moment présent : j’allais pouvoir me visiter New-York avec quelqu’un. Bien sûr, il fallait que nos emplois du temps soient coordonnés mais je ne pus m’empêcher de m’extasier à cette idée ! J’avais déjà quelques idées sur les lieux que je voulais visiter, j’allais pouvoir être une véritable petite touriste !

« Ça serait super ! Il y a tellement d’endroits à visiter. On peut s’organiser sur plusieurs jours, en fonction de nos journées. »

J’avais eu peur de m’être montrée présomptueuse ou trop avenante en lui demandant son numéro de téléphone. Mais Micah sortit son téléphone, prêt à m’appeler pour que j’ai son numéro. C’était presque trop beau pour être vrai ! J’avais non seulement osé demander le numéro de téléphone d’un homme, mais en plus, il était d’accord pour me le donner. Remise de ma surprise, je sortis le mien de ma petite pochette de tissu. Je lui donnais mon propre numéro et quand le sien s’afficha sur mon écran, je l’enregistrais avant de lui offrir un sourire radieux.

« Voilà, je l’ai enregistré ! »